Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

sionisme

  • Le sionisme et son destin

    Extrais(ts de l’article de Frédéric Lordon pour le Monde Diplomatioque, daté du 19 juin 2025 

    (...)

    En commençant par savoir quel sens on donne aux mots. On connait les multiples définitions historiques, doctrinales, du sionisme et de l’antisionisme. On peut aussi en prendre une vue conceptuelle. Par exemple, en disant ceci : par sionisme, il faut entendre la position politique qui considère que l’installation de l’État d’Israël sur une terre déjà habitée, et par expulsion de ses habitants, ne pose aucun problème de principe. Antisionisme s’en déduit comme la position politique qui considère, elle, que l’installation de l’État d’Israël en terre de Palestine pose un problème de principe. Outre sa simplicité, cette définition a pour avantage d’être ouverte, c’est-à-dire de poser un problème dont elle ne présuppose pas la solution. C’est pourquoi seul un grossier mensonge peut donner l’antisionisme pour un projet « de jeter les Juifs d’Israël à la mer ».

    En réalité, si indiscutable qu’elle ait semblé après la Shoah, la promesse sioniste de donner aux Juifs pas seulement un État, mais, comme il est coutume de le dire, « un État où ils puissent vivre en sûreté », était une fausse évidence dès le départ, en fait même une contradiction dans les termes. Il lui aurait fallu une terra nullius pour ne pas l’être. Du moment que la terre était à un premier occupant, l’État d’Israël pouvait voir le jour, mais il ne connaîtrait pas la sûreté : on ne dépossède pas les gens sans qu’ils ne se battent pour récupérer ce qui leur appartient. Alors la faillite de l’« Occident » européen s’est élevée au carré, et le meurtre industriel de masse des Juifs a été « réparé » par un aménagement politique impossible : Israël. Dont Shlomo Sand donne le terrible résumé : « Les Européens nous ont vomis sur les Arabes ».

    Lire la suite

  • Cette extrême droite pro-Israël

    Extraits de l'article du Monde Diplomatique, daté de décembre 2024, par Sophie Bessis  

    Si le racisme visant les Juifs est un délit, l’opinion consistant à critiquer Israël et les politiques menées par son gouvernement ne peut être condamnée. Pourtant, depuis le 7 octobre 2023, la tendance à fusionner les deux notions n’a cessé de se renforcer.

    Laffirmation est tant ressassée en Europe et en Amérique du Nord qu’elle a pris valeur de vérité : l’antisionisme serait un avatar contemporain de l’antisémitisme et il conviendrait de le combattre comme tel. Il est « la forme réinventée de l’antisémitisme », répète le président français Emmanuel Macron, à l’unisson des responsables américains ou canadiens, tandis que la classe politique allemande, croyant ainsi pouvoir payer la dette du pays à l’égard des Juifs, a fait de la défense inconditionnelle d’Israël une « raison d’État ». Depuis des décennies, les dirigeants israéliens usent quant à eux de cette confusion pour disqualifier toute critique de leur politique, et plus encore depuis les atrocités perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023

    (...)

    Car l’époque contemporaine a ressuscité un oxymore, les sionistes-antisémites, réalisant une prédiction de Theodor Herzl. Dans son  les sionistes ouvrage fondateur du sionisme, L’État des Juifs (1896), ce dernier affirmait que « les antisémites seront nos amis les plus sûrs et les pays antisémites nos alliés ». Les Juifs étant à leurs yeux inassimilables, nombre d’antisémites ont approuvé, dans les années 1920, l’idée de leur regroupement dans un État qui leur serait propre, ce qui permettrait de s’en débarrasser. Ce sionisme bien particulier a retrouvé une expression publique en France à la suite de la guerre des six jours de juin 1967. « En dehors du sionisme intégral, il n’est pas de solution raisonnable et efficace du problème juif », écrit alors Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives sous Vichy, dans Aspects de la France (15 juin 1967).

     

    Lire la suite