Communiqué commun FIDH et LDH
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et son organisation membre, la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ont appris avec inquiétude l’arrestation de Nargès Mohammadi, prix Nobel de la paix 2023, ainsi que de plusieurs militantes et militants parmi lesquels Sepideh Qolian, Hasti Amiri, Pouran Nazemi et Alieh Motalebzadeh, alors qu’ils étaient réunis à Mashhad pour la cérémonie organisée en mémoire de l’avocat Khosrow Alikordi.
Celui-ci, après avoir été libéré en août 2025, a été retrouvé sans vie dans son cabinet le 6 décembre dernier, pour une cause encore inconnue. Lors de cette cérémonie, Nargès Mohammadi a rendu hommage au combat que cet avocat a mené pour défendre des manifestant-e-s et des prisonnier-e-s politiques, lors du mouvement « Femme, vie, liberté ».
La FIDH et la LDH dénoncent l’arrestation de ces défenseuses et défenseurs des droits humains dans le cadre de l’exercice de leur liberté d’expression. Même aux funérailles et commémorations, la société civile iranienne est bâillonnée.
Elles appellent à la libération immédiate de Nargès Mohammadi ainsi que des autres personnes arrêtées avec elle.
La FIDH et la LDH écrivent en ce sens à l’ambassadeur d’Iran en France et demandent le soutien de la France à travers le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères qu’elles sollicitent.
Paris, le 15 décembre 2025

Elles s’appellent Nigara, Mahvash, Hengameh ou encore Marzieh, leurs histoires diffèrent les unes des autres mais, aux yeux de la République islamique d’Iran, elles sont toutes un ennemi de la sûreté de l’État. Les treize femmes de ce livre ont été incarcérées ou le sont encore dans les prisons d’Iran, et soumises à ce qu’on appelle paradoxalement la « torture blanche ». Cette forme d’emprisonnement consiste à priver l’individu de tout contact avec le monde extérieur, exerçant ainsi une pression psychologique traumatisante. Hormis les interrogatoires – extrêmement violents, intrusifs et humiliants –, l’accès aléatoire aux toilettes et à la douche et les rares visites de la famille, la personne est confrontée à la plus angoissante solitude. Toutes racontent ces conditions de vie sordides : le manque d’air et de nourriture, l’absence d’une prise en charge médicale, la perte totale de repères, l’angoisse et parfois la folie. Les témoignages que Narges Mohammadi a réussi à recueillir, elle-même encore enfermée dans la prison d’Evin, parlent de ces traumatismes qu’inflige un pouvoir répressif sur celles qui osent exprimer une voix contraire. Leurs mots peinent parfois à décrire l’horreur et pourtant ils révèlent une foi rare, inexplicable mais puissante dans la vie et l’humanité. Pour que le prix Nobel de la paix décerné à Mohammadi en 2023 prenne tout son sens, il est nécessaire d’encourager cette lecture et de faire connaître ses enjeux politiques, humains et spirituels.
Critique écrite par Claire de Basquiat pour la revue Etudes