Un double discours inacceptable
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron se fait le chantre de la résistance à l’armée russe, tout en continuant de commercer activement avec la Russie, dans des secteurs stratégiques comme le gaz, les engrais chimiques et le nucléaire. Greenpeace France a publié le 14 avril dernier un dossier de presse synthétisant ces dépendances.
Cette posture ambiguë affaiblit la crédibilité de la France sur la scène internationale en plus d’alimenter les caisses de guerre du Kremlin.
→ Trois ans après le début de l’invasion de l’Ukraine, la France est devenue le premier importateur européen de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, avec une hausse de près de 80 % en 2024 (par rapport à 2023), malgré une baisse de la consommation de gaz. La Russie est le deuxième fournisseur de GNL en France, après les États-Unis).
→ Depuis le début de la guerre en Ukraine, la production européenne d’engrais chimiques a chuté en raison des tensions sur l’approvisionnement en gaz. Pour compenser, la France a massivement augmenté ses importations depuis la Russie : entre 2021 et 2023, elles sont passées de 402 000 à 750 000 tonnes, soit une hausse de 86 %
→ Au sujet du nucléaire, Framatome, le géant français de l’atome, et Orano, continuent de collaborer étroitement avec Rosatom, entreprise d’État russe fondée par Vladimir Poutine, pour la conversion de l’uranium de retraitement dont les centrales françaises sont dépendantes à 100 %. Pire encore : la France contribue indirectement à renforcer l’influence de la technologie nucléaire russe dans le monde, en participant au projet de la centrale de Paks en Hongrie, construite par Rosatom
Une action pour exiger la fin des contrats avec la Russie
Devant l’ambassade de Russie à Paris, une dizaine d’activistes ont déployé une banderole : « L’Ukraine brûle, les affaires continuent », à côté d’un autre message « Business is business » et des billets ont été lancés pour dénoncer cette réalité cynique : les profits passent avant le soutien à l’Ukraine.
Sur place, un invité surprise était également présent, la statue de cire d’Emmanuel Macron, emprunté le matin même au musée Grévin pour ne plus le laisser profiter de ce rayonnement culturel, dans un lieu emblématique alors que la France est complice de l’effort de guerre en Russie. A ses pieds, trois panneaux de signalisation symbolisaient chacun : “gaz”, “uranium” et “engrais chimiques”, dénonçant la pérennité du commerce de la France avec le Kremlin dans ces trois secteurs stratégiques.
Plus tôt dans la journée, lors de l’emprunt de la statue d’Emmanuel Macron au musée Grévin à Paris, Greenpeace France a déroulé une banderole « Business is business », et déposé une photo complice d’Emmanuel Macron avec Vladimir Poutine sur le bureau du président de la République, pour dénoncer le double discours de la France sur l’Ukraine et le manque de cohérence politique dans les actes d’Emmanuel Macron.
Un statu quo qui ne peut plus durer
→ Greenpeace France appelle la France et l’Union européenne à sortir des énergies fossiles, de manière juste, et notamment du gaz d’ici 2035 ainsi qu’à interdire tout nouveau projet fossile sur le territoire et mettre fin à tout investissement lié aux énergies fossiles.
Pour Edina Ifticene, responsable de la campagne Énergies fossiles à Greenpeace France :
« Continuer à miser sur les énergies fossiles, c’est nourrir des régimes autoritaires et condamner toute transition écologique juste. Il faut interdire dès maintenant tout nouveau projet fossile, sortir du gaz d’ici 2035, et rompre avec ce système violent et obsolète. »
→ Greenpeace France exige la rupture des contrats d’importation de combustibles nucléaires entre les entreprises françaises (Framatome, Orano) transitant ou provenant de la Russie afin qu’ils ne passent plus entre les mains de Rosatom.
Pour Roger Spautz, chargé de campagne Transition énergétique à Greenpeace France :
« Emmanuel Macron doit renoncer à sa relance du nucléaire. S’obstiner dans cette trajectoire, c’est persister dans une dépendance dangereuse à des régimes hostiles comme la Russie, et continuer à financer l’industrie d’un régime criminel. Il n’y a ni souveraineté, ni transition énergétique, ni paix possible avec l’uranium de Vladimir Poutine. Il est temps d’en finir avec ce double discours et de tourner la page du nucléaire, une bonne fois pour toutes. »
→ Greenpeace France demande la mise en place de sanctions sur les importations d’engrais chimiques russes et l’arrêt de ces importations sur les sols français et européens, sans reporter cette dépendance sur d’autres pays.
Pour Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne Agriculture pour Greenpeace France :
« L’Union européenne doit aller au bout des sanctions sur les importations d’engrais russes, ne doit pas tomber dans le piège de remplacer une dépendance par une autre en facilitant les importations via d’autres pays tiers. Nous dénonçons le non-sens d’aller vers une agriculture toujours plus productiviste qui est notamment dépendante d’engrais chimiques russes. C’est un non-sens politique, stratégique et dangereux pour la résilience de notre modèle agricole et alimentaire. Pour assurer une réelle souveraineté agricole, il est nécessaire d’engager sur le long terme une transition agroécologique. »
Alors qu’elle soutient l’Ukraine sur la scène diplomatique, la France continue de commercer avec la Russie, en important gaz, uranium et engrais chimiques. De la même manière, Emmanuel Macron affiche des objectifs climatiques tout en ralentissant voire détricotant les mesures écologiques (SNBC, PNACC, LOA, projet de loi Duplomb, etc.). Pourtant, la transition écologique, notamment énergétique et agroécologique est la seule voie possible pour répondre à l’urgence climatique et aux crises internationales, particulièrement dans un monde déstabilisé, aux tensions internationales fortes. La transition écologique est un impératif, pour la souveraineté européenne, pour l’environnement et pour la paix.
Action de Greenpeace France pour dénoncer les relations commerciales de la France avec la Russie.
© Jérémie Jung / Greenpeace