Communiqué d’Amnesty International du 19.11.2024
Depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022, la population ukrainienne est victime de nombreuses exactions commises par l’armée russe. Nous tirons la sonnette d’alarme sur la situation des enfants ukrainiens qui continuent à être blessés ou tués par des frappes aériennes russes. Ces attaques, s’apparentant à des crimes de guerre, ne doivent pas rester impunies.
L’année 2024 se caractérise par une nette augmentation du nombre de victimes civiles en Ukraine.
D’après les données publiées, y compris par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), l’été 2024 a été particulièrement meurtrier pour les enfants en Ukraine.
Nos équipes ont examiné 17 frappes russes menées en 2024 qui ont touché des enfants. Notre service de vérification numérique a examiné plus de 120 vidéos et photos d’attaques. En parallèle, nos chercheur·es ont effectué des investigations complémentaires sur le terrain révélant que les forces russes ont délibérément pris pour cibles des civil·es et des infrastructures civiles.
"Les enfants, qui comptent parmi les groupes les plus vulnérables de toute société, bénéficient d’une protection spéciale en vertu du droit international humanitaire. Pourtant, ils continuent d’être tués et blessés dans des zones éloignées de la ligne de front, y compris là où il n’y a aucune cible militaire"
Patrick Thompson, spécialiste de l’Ukraine à Amnesty International
Des attaques qui peuvent s’apparenter à des crimes de guerre
Nos investigations ont notamment porté sur le bombardement du plus grand hôpital pédiatrique d'Ukraine. Le 8 juillet 2024, le centre Okhmatdyt à Kiev a été visé par un missile de croisière russe Kh-101 qui a causé la mort de deux personnes, blessé plus d'une centaine de civil·es dont des enfants et entrainé des dégâts considérables.
Oleg Goloubtchenko, un chirurgien qui opérait un enfant à l’hôpital au moment de la frappe, a déclaré : « Lorsque j’ai repris mes esprits, tout était en ruines autour de moi. J’étais blessé : j’ai senti de la chaleur dans tout le corps et j’ai vu que je saignais, mais mes bras et mes jambes fonctionnaient et je respirais. J’ai rampé un peu et j’ai vu que l’enfant allait bien, même si les équipements étaient anéantis. »
Nos équipes ont vérifié 14 images et six vidéos filmant ce tir de missile sur Okhmatdyt, ainsi que ses répercussions. Sur ces images, on peut voir des dégâts importants dans les services de l’hôpital, des fenêtres brisées et des décombres, ainsi que des taches de sang.
Nous n’avons trouvé aucune preuve de la présence de militaires ukrainiens dans le vaste complexe hospitalier ni ses environs immédiats. La taille de l’hôpital exclut de fait la possibilité que ce puissant missile de croisière, d’une précision présumée de 5 à 20 mètres, ait été dirigé vers une autre cible.