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Convoi de l'eau - Récit du Jour 2 - De la traversée du convoi à la traversée du désert !

A 3200 tartines, 700 personnes, presque autant de vélo et 20 tracteurs, entre le réveil collectif et le départ effectif, il faut bien compter 2 heures. Comme chaque jour une partie motorisée du convoi part de son côté pour remonter le camp du soir et l'essentiel - une cantine, des sanitaires, une scène et un bar avec le groupe d'accueil local.

De la traversée du convoi...

Au rythme des cyclistes, le territoire prend le temps de se dévoiler, strates par strates. Première partie de journée vallonnée, ombragée et mouillée. Le convoi divisé en 4 pelotons occupe 3 kilomètres de route. Des habitant.es sont de nouveau au bord des routes à applaudir ou à crier le poing levé "no bassaran" en assistant au passage du convoi. Quand on le remonte d'un bout à l'autre pour se figurer l'ampleur du phénomène, on dépasse successivement plusieurs dj's offrant chacun.e leur meilleure playlist, une plate-forme de toilettes sèches, des équipes médics et un atelier de réparation de vélo, une roulotte repos-bibliothèque, une zbeulinette de redistribution récup bio pêches-abricots, un tournage de météo-bassines, plusieurs outardes, des tonnes à eau, des unités volantes de gestions de la circulation à chaque croisement et plusieurs centaines de conversation fluctuantes... Parce qu'au rythme où on va, on a plutôt le temps de se rencontrer. On avait toujours rêvé que le tour de France, ce soit nous - en roue libre - plutôt que des athlètes sponsorisé·es, et que la caravane du tour soit une armada de tracteurs en mode boum et paillettes avec des remorques pleine de cookies et de glaces maison plutôt qu'un défilé de multinationales. Ça, c'est fait !

Même s'il reste toujours quelque rabat-joie ici et là. En l’occurrence à midi, premier désaccord entre le convoi et la gendarmerie sur l'itinéraire de passage à l'entrée de Vouillé. Le maire a produit un arrêté nous interdisant de traverser le bourg et d'aller à l'endroit ombragé de pique-nique planifié. Nous refusons l'offre du terrain de foot en plein soleil, merci.

S'ensuit une première confirmation de la capacité du convoi à remporter l'épreuve de force et à noyer le (modeste) dispositif adverse dans un flot de vélos, un encerclement de chants, de slogans, de power disco, de sirènes de mégaphones, et de rugissements de tracteurs.

"A taaaable !"

Premiers wraps frais livrés par l'incroyable intercantine de luttes, qui est déjà en train de préparer le repas du soir au bivouac. Le café s'étend en siestes éparpillées et concert sur le pouce de Ze Verveine Underground un groupe féminin de reprise féminine de 4 garçons de liverpool..

 

... à la traversée du désert...
Il fallait bien ça pour endurer psychologiquement la deuxième mi-temps et la traversée du désert agro-industriel. Pas une haie, pas une zone d'ombre, des champs de maïs pour nourrir des bêtes hors-sol, une rampe d'irrigation de plusieurs centaines de mètres, des méthaniseurs, gardés par des gendarmes luisants, qui dévorent des récoltes qui ne sont même plus destinées à l'alimentation.
Et au beau milieu de ces open fields un cas emblématique d'accaparement de plus de 2100 hectares par un méga-montage sociétaire. La safer, censé favoriser l'installation plutôt n'a pas été capable d'empêcher sa vente d'un bloc et de le subdiviser pour permettre des installations paysannes. Le gros lot est parti l'an dernier à une autre pieuvre agro-capitaliste qui possède déjà 1500ha à 300km de là.
Début juin, un forage d'eau a dû être arrêté dans un commune voisine et des palettes de bouteilles d'eau déposées dans les mairies. Le seuil sanitaire y était dépassé pour la présence d'un fongicide interdit depuis 2020 et pourtant présent dans 1/3 de l'eau potable du pays. Malgré la dégradation de la ressource en eau - confirmé par une étude Hydrologie Milieux Usages Climats (HMUC), 30 méba-bassines sont actuellement en projet dans le département et visent un financement par l'agence de l'eau Loire Bretagne à qui nous comptons bien demander ce qu'elle entend arbitrer à ce sujet lors du rassemblement devant son bâtiment à Orléans ce vendredi.
Le bonheur est dans le pré.
Ce soir, même le lieu qui nous accueille s’appelle le pré sec. Mais il se révèle charmant : en l’occurrence un espace public, parcouru d'un cours d'eau, de grands arbres et un îlot sauvegardé que la Mairie de Migné-Auxances a bien voulu nous réserver malgré d'absurdes pressions préfectorales. Nous sommes à deux pas de Poitiers, la haie d'honneur à l'arrivée est plus nourrie encore qu'hier et se prolonge en méga-baignade dans l'Auxances. Chaque soir sous nos yeux ébahis, un site de festival éphémère, illustrant la force matérielle dont s'est doté le mouvement et son ancrage territorial étendu.
Après les visions dystopiques de l'après-midi, vient le moment de déployer une table-ronde sur les manières de déjouer l'accaparement des terres avec les expériences cumulées de Terres de liens autour de la propriété collective en vue de favoriser l'installation paysanne, du travail fait par la conf' au sein des institutions agricoles et en dehors, ou encore des stratégies d'occupation de terres ou de récoltes des fruits de l'accaparement que visent à développer les soulèvements de la terre. Mais pour l'heure, il faut aussi remuer la terre dans un grand bal internationaliste dont l'ardeur nous guidera aujourd'hui encore jusqu'à la ferme des 1200 taurillons à Coussay les Bois - Etape 3 du convoi. (à suivre)

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