Greenpeace France et Greenpeace Europe centrale et orientale (CEE) condamnent la destruction du barrage ukrainien de Kakhovka en Ukraine et les dégâts humains et environnementaux qui en découlent, et exigent que la Russie mette immédiatement fin à son invasion en Ukraine.
L’inondation massive causée en aval de l’infrastructure affecte en premier lieu les habitants du sud de l’Ukraine, déjà victimes depuis 15 mois d’une guerre totale. Cette catastrophe, qualifiée par le vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrij Melnyk, “ pire catastrophe environnementale en Europe depuis Tchernobyl”, est d’une ampleur telle qu’elle aura des répercussions inévitables sur l’approvisionnement en eau de millions de personnes et sur l’agriculture, au cours de l’été à venir et au-delà. Les principales menaces pour l’environnement sont la dispersion de substances toxiques et polluantes, ainsi que les dommages graves causés aux écosystèmes fragiles, aux parcs nationaux et à la réserve de biosphère de la mer Noire.
Par ailleurs, la sûreté de la centrale nucléaire de Zaporijia est directement menacée. En effet, depuis la démolition du barrage, le niveau d’eau dans le réservoir de Kakhovka a considérablement baissé, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la sûreté de la centrale nucléaire.
“Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, Greenpeace suit de près la situation radiologique et l’évolution de la menace d’accident nucléaire que fait peser l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia par les troupes russes et par l’entreprise Rosatom. La situation est de plus en plus inquiétante : bien que la centrale nucléaire ne soit pas menacée dans l’immédiat, il ne fait aucun doute que la destruction du barrage aura un impact sur sa sûreté dans la période à venir. Nous exprimons toute notre solidarité avec les victimes de cette catastrophe et appelons une nouvelle fois à mettre fin à l’occupation illégale de la centrale de Zaporijia par Rosatom et les troupes russes” déclare Pauline Boyer, chargée de campagne nucléaire pour Greenpeace France.
« La seule raison de la catastrophe en cours dans le sud de l’Ukraine est l’invasion et l’occupation russes du territoire ukrainien, qui mettent en péril des vies humaines et l’environnement », ajoute depuis Kiev Denys Tsutsaiev, chargé de campagne de Greenpeace Europe centrale et orientale.
D’après le ministre ukrainien de l’Environnement, Ruslan Strilets, au moins 600 tonnes de pétrole se sont déversées dans le fleuve Dniepr, et il y a un risque de fuite supplémentaire ; 80 localités se trouvent dans la zone inondable, et le parc national du Dniepr inférieur est actuellement sous les eaux. L’impact sur la faune et la flore des fuites de pétrole, le cas échéant, ne pourra faire l’objet d’une évaluation adéquate qu’une fois que le niveau de l’eau aura baissé et que les scientifiques auront pu accéder à la zone.
Contexte :
Le barrage de Kakhovka est situé dans la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, dans un territoire occupé par la Russie depuis février 2022. Le barrage retient l’eau du réservoir de Kakhovka, qui couvre une superficie totale de 2155 kilomètres carrés dans les oblasts ukrainiens de Kherson, Zaporijia et Dnipropetrovsk. Il mesure 240 km de long et jusqu’à 23 km de large. Il retient un volume d’eau total de 18,2 km3, avec une profondeur variant de 3 à 26 mètres (8,4 mètres en moyenne). Le 4 juin 2023, le niveau de l’eau dans le réservoir était de 17,32 mètres.
Le réservoir de Kakhovka sert également de source d’eau pour le plus grand système d’irrigation d’Ukraine et d’Europe. L’eau est transportée par le canal de Kakhovka (130 km) dans quatre sous-systèmes d’irrigation situés dans les régions de Kherson et de Zaporijia, avec une longueur totale de 1609 km de ramifications. L’eau du canal est actuellement utilisée pour arroser 326 000 ha dans ces deux régions, avec une capacité maximale allant jusqu’à 720 000 ha.