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Héritage thatchérien, baisses d’impôts, aides mal distribuées et mal financées : l’austérité qui vient au Royaume-Uni

Extraits de l'article du CADTM publié le 5 octobre par Maxime Perriot


Désignée le 6 septembre 2022, Liz Truss, la nouvelle Première ministre du Royaume-Uni, tire sa légitimité des seul·es 172 000 adhérent·es du parti conservateur . Cet « électorat », majoritairement âgé et riche, a voté pour un programme de baisses d’impôts et de dérégulation de l’économie britannique. Comme pour les rassurer, la nouvelle Première ministre a annoncé, peu après son élection, qu’elle n’était pas là pour « distribuer des subventions » . Dans le même temps, le nouveau Chancelier de l’Échiquier , Kwasi Kwarteng, définissait l’objectif principal du gouvernement de la façon suivante : « Stabilité monétaire et discipline budgétaire à moyen terme » . Tout cela n’a rien de surprenant de la part d’une nouvelle Première ministre qui prend pour modèle Margaret Thatcher. Cette dernière avait violemment durci les conditions nécessaires pour organiser une grève au Royaume-Uni, la première souhaite augmenter le pourcentage minimum de présence des membres d’un syndicat lors de la consultation officielle qui précède une grève . Liz Truss veut également qu’un service minimum soit assuré sur les infrastructures nationales comme le train ou les bus quand il y a une grève, ce qui permettrait de casser les grèves en toute légalité . Néanmoins, les ardeurs néolibérales de la nouvelle Première ministre ont été rapidement freinées par un premier échec : une marche arrière spectaculaire sur les premières mesures annoncées.

Du jamais-vu : Liz Truss annonce des cadeaux fiscaux aux plus riches et fait marche arrière dix jours plus tard

Le 23 septembre 2022, Liz Truss annonce un plan combinant aides mal distribuées aux ménages britanniques pour faire face à l’inflation (détaillé plus bas) et baisses majeures d’impôts pour les plus riches. L’objectif du gouvernement était le suivant : ramener le taux d’imposition de 45% à 40% pour les contribuables dont les revenus dépassent 150 000 livres sterling (soit 171 452 euros) . Une baisse d’impôts représentant 1,5% du PIB, du jamais-vu depuis 50 ans. Dix jours plus tard, face à la colère des syndicats, des mouvements sociaux, de l’opposition travailliste et face à la panique des marchés financiers provoquant la chute de la livre sterling et la hausse des taux d’emprunt de l’État ,

la Première ministre annonce un recul sur les baisses d’impôts offertes aux plus riches. En effet, les marchés financiers ont paniqué en voyant la hausse des dépenses et la baisse des recettes publiques, anticipant une forte augmentation de la dette publique. Même le FMI, qui n’est pas du genre à s’offusquer des mesures favorisant les riches, s’est publiquement inquiété des annonces portées par Liz Truss et Kwasi Kwarteng, craignant un « accroissement des inégalités » . Ce recul spectaculaire et extrêmement rare, surtout durant les premiers jours au pouvoir d’une Première ministre, vient fragiliser Liz Truss, qui avait reconnu que sa politique favoriserait les plus aisé·es [. Malgré tout, la locataire du 10 Downing Street a annoncé qu’elle n’avait pas renoncé à diminuer le niveau de taxation des plus riches  . Pour comprendre cet épisode, revenons à présent sur l’arrivée au pouvoir de Liz Truss, du contexte de son élection à ses premières mesures, en passant par les conséquences à attendre de sa politique.

(...)

  Des mesures entièrement financées par l’endettement

L’ensemble des mesures de soutien décidées par Liz Truss vont coûter 150 milliards de livres à l’État britannique  qui va prendre à sa charge l’écart entre le prix du marché exercé par les fournisseurs d’énergie et le coût effectivement payé par les consommateur·ices. C’est plus du double des sommes qui avaient été dépensées pour financer le chômage partiel pendant la pandémie de Covid-19.

Les 150 milliards de livres empruntés pour financer les mesures annoncées par Liz Truss vont être remboursés pendant des années par les contribuables britanniques, qui ne débourseront pas 150 mais 195 milliards de livres

Pour financer ces nouvelles dépenses, Liz Truss aurait pu augmenter les impôts sur les grandes entreprises, sur les ménages les plus riches du pays, ou taxer les profits exceptionnels des grandes entreprises du secteur de l’énergie. Elle a choisi de faire reposer le gel des prix de l’énergie (et les baisses d’impôts des plus riches) sur l’endettement. Un endettement qui devient de plus en plus coûteux pour deux raisons :

  • La Banque d’Angleterre va augmenter ses taux d’intérêt ].
  • Face à la hausse des dépenses publiques annoncée par le gouvernement, les spéculations des marchés financiers ont abouti à la hausse des taux d’intérêt des bons du trésor britannique à 10 ans, autour de 3% .

Les taux d’intérêt sur les obligations britanniques n’ont jamais été aussi hauts depuis dix ans. Ainsi, l’endettement se renchérit et les 150 milliards de livres empruntés pour financer les mesures annoncées par Liz Truss vont être remboursés pendant des années par les contribuables britanniques, qui ne débourseront pas 150 mais 195 milliards de livres (150 milliards + 3% d’intérêts annuels, dans le cas où toutes les obligations sont émises sur 10 ans).

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