Une étude de Greenpeace France, dans le cadre de l’enquête publique sur la nouvelle étude d’impact de TotalEnergies au sujet de son usine de La Mède, dénonce la dissimulation par TotalEnergies des effets réels de sa production d’agrocarburants sur le climat et la poursuite, en parallèle, de l’importation massive d’huile de palme issue de la déforestation.
Suite au recours intenté par six associations en juillet 2018, le tribunal administratif de Marseille a ordonné, en avril 2021, la révision de l’étude d’impact de TotalEnergies sur le volet climat des importations à La Mède.
Pour Greenpeace, la multinationale persiste dans son refus d’intégrer les impacts climatiques réels de sa production dans sa nouvelle étude d’impact. Pire, elle cache la réalité du terrain, tout en continuant d’importer en moyenne 163 000 tonnes d’huile de palme par an sur le sol français, soit près d’un tiers du volume total d’huile de palme importé en France.
Dans l’étude “Agrocarburants: comment Total occulte son impact sur les forêts et le climat” de février 2022 (disponible sur demande), Greenpeace France passe au crible cette seconde étude d’impact publiée en janvier 2022 dans le cadre de l’enquête publique ouverte jusqu’au 24 février. Elle propose une description exhaustive de la chaîne d’approvisionnement de la raffinerie, comptabilise l’ensemble des surfaces arborées et tourbières qu’elle a fait disparaître, et en déduit l’impact réel sur le climat.
Les auteurs concluent que par son manque de traçabilité, TotalEnergies a importé de l’huile de palme issue de la déforestation et a dissimulé cet impact climatique substantiel dans sa nouvelle étude.
TotalEnergies s’efforce de vanter les vertus des agrocarburants en indiquant, à travers une analyse comparative trompeuse, que le site de La Mède émettrait 91% de CO2 en moins que lorsqu’il raffinait des énergies fossiles.
Greenpeace démontre en réalité que les émissions de la “bioraffinerie”, rapportées à la tonne de carburant produit, sont plus élevées de 13% que l’équivalent fossile. TotalEnergies aurait contribué à une déforestation de plus de 1 300 ha de forêts naturelles et converti plus de 1 800 ha de tourbières, impactant donc gravement la biodiversité et le climat.
“Notre constat est clair : cette étude démontre que, contrairement à ce que prétend TotalEnergies, il est tout à fait possible d’estimer les impacts climatiques des agrocarburants. Elle souligne aussi la vigilance accrue dont les acteurs publics et les juridictions doivent faire preuve face aux subterfuges des certificats de durabilité et des discours trompeurs sur les impacts climatiques réels”, explique Laura Monnier, juriste à Greenpeace France. “TotalEnergies devrait se voir retirer immédiatement son autorisation d’importation d’huile de palme par la Préfecture des-Bouches-du-Rhône et devrait être contraint de rembourser rétroactivement tous les avantages fiscaux ayant favorisé l’incorporation de palme dans ses agrocarburants.”
L’huile de palme reste le principal vecteur de la déforestation en Indonésie, pays qui abrite la troisième plus grande forêt tropicale au monde. Le PDG de TotalEnergies, a annoncé cet été que l’entreprise n’utilisera plus d’huile de palme à partir de fin 2023, les importations se poursuivent donc toujours en 2022 et 2023. Au regard de tous ces éléments, il ne fait aucun doute pour Greenpeace que l’autorisation d’importer de l’huile de palme pour exploiter cette raffinerie doit cesser immédiatement.