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Dégâts de sangliers : les chasseurs pompiers pyromanes

Publié par la LPO  le 20 janvier 2022

La Fédération nationale des chasseurs (FNC) a saisi le Conseil d’État pour contester le système actuel d’indemnisation des dégâts de grand gibier (sanglier, cerf et chevreuil) versée aux agriculteurs par les fédérations départementales de chasse. Le Conseil d’État a transmis la question devant le Conseil constitutionnel, qui y a répondu ce jeudi 20 janvier 2022 : les chasseurs devront continuer à payer.  

Environ 800.000 sangliers sont aujourd’hui tués chaque année en France, contre à peine 30.000 il y a 50 ans, et leur nombre continue pourtant de croître. L’indemnisation des dégâts occasionnés par le grand gibier aux exploitations agricoles est assurée par les fédérations départementales des chasseurs. En 2021, cette somme s’est élevée à plus de 70 millions d’euros.

Depuis 4 ans, du fait des accords passés entre le Président de la République et le président de la FNC, les finances des fédérations départementales des chasseurs sont mises à mal au profit de leur fédération nationale. La baisse du permis de chasse national passé en 2019 de 400 à 200 € a en effet conduit les chasseurs à délaisser les permis locaux devenus peu avantageux, entraînant un manque à gagner pour des fédérations départementales déjà affectées par la diminution du nombre de pratiquants. Certaines sont désormais au bord de la faillite et ne parviennent plus à indemniser les agriculteurs, ce qui a motivé la saisine du Conseil d’État pour tenter de s’y soustraire ; en vain.

Les chasseurs ont cependant longtemps participé délibérément à l'explosion démographique des sangliers avec l’objectif de préserver les populations de grand gibier, en pratiquant notamment des lâchers d’animaux d’élevage ou en épargnant les femelles reproductrices. L’agrainage dissuasif, censé les éloigner des cultures, s’est en fait souvent transformé en nourrissage tout au long de l’année dans certaines régions. L’augmentation des surfaces consacrées à l’agriculture intensive, en particulier du maïs, et la succession d’hiver doux réduisant la mortalité naturelle des sangliers, ont également contribué au développement des populations de suidés.

Plutôt que de repenser sa stratégie de régulation des sangliers à l’instar d’autres pays européens, l’État français a préféré à nouveau céder aux lobbies cynégétiques en étendant la période d’ouverture de la chasse de début juin à fin mars, soit 10 mois sur 12 ; et ce après leur avoir déjà accordé des dérogations au confinement sanitaire l’an dernier.

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© Hervé Broguy

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