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Présidence française de l’Union européenne : les lobbys industriels en embuscade

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La présidence française de l’UE qui commence le 1er janvier a été préparée en étroite collaboration avec les grandes entreprises françaises et leurs lobbys. C’est ce que révèle un nouveau rapport de l’Observatoire des multinationales, partenaire de basta!.

Le 1er janvier 2022, la France va prendre la présidence du Conseil de l’Union européenne, pour six mois. Un nouveau rapport de l’Observatoire des multinationales, partenaire de basta!, et de l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory révèle que celle-ci a été préparée avec les industriels français et leurs lobbys. « Même si la présidence française de l’UE ne débute qu’en janvier 2022, ses préparatifs ont commencé de nombreux mois auparavant, rappelle le rapport. Les recherches menées montrent que depuis le début du processus, la collaboration étroite entre les autorités françaises et les grandes entreprises a été la norme. »

Sur les 13 rendez-vous divulgués par le représentant permanent de la France à Bruxelles, le haut-fonctionnaire Philippe Léglise-Costa, dix se sont tenus avec « des grandes entreprises ou des lobbies industriels, contre un seul avec la société civile ». Des 26 rendez-vous divulgués par son adjoint, 18 étaient avec des grandes entreprises ou des lobbies industriels, contre un seul avec la société civile. Philippe Léglise-Costa fréquente les arcanes européennes depuis plus d’une décennie : il avait été nommé adjoint du représentant permanent sous le mandat de Nicolas Sarkozy, puis conseillé François Hollande sur les questions européennes, avant d’être nommé à ce poste par Emmanuel Macron en 2017.

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Une présidence décisive pour la politique climatique

Cible de cette influence : le paquet climat "Fit for 55", qui désigne le programme de l’UE pour atteindre ses objectifs de réduction de 55% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Il doit déterminer de nouveaux standards d’émissions pour les voitures, le développement de l’hydrogène, de nouvelles règles pour le marché du carbone, la révision de plusieurs directives dans le secteur énergétique, une stratégie européenne sur les forêts, ainsi que la « taxonomie verte », soit l’instrument pour définir ce qui peut être classé comme un investissement énergétique réellement favorable au climat.

La taxinomie verte doit ainsi décider si le nucléaire et le gaz peuvent être classés comme des investissements énergétique "verts". L’enjeu est de taille pour l’industrie nucléaire française. Le gouvernement français fait d’ailleurs pression depuis des mois à Bruxelles pour y inclure le nucléaire.

Toutes ces réformes « vont avoir un impact sur de puissants intérêts français dans le secteur de l’énergie (EDF, TotalEnergies, Engie), mais également de l’industrie automobile (Renault, Stellantis), aéronautique (Airbus, Safran, Thales, Dassault) et maritime (CMA-CGM) », assure le rapport. Ces entreprises figurent d’ailleurs « dans la liste des rendez-vous de lobbying de la représentation française à Bruxelles ».

« Il y a de fortes raisons de s’inquiéter sur les intérêts que la France défendra exactement au Conseil : l’intérêt public français et européen ou les intérêts privés des grandes entreprises françaises et du monde des affaires en général ? Ou le seul intérêt politique d’Emmanuel Macron ? », interroge le rapport. « La prochaine présidence française ne peut pas se contenter d’être une courroie de transmission pour les milieux d’affaires et l’industrie, défend Vicky Cann, de Corporate Europe Observatory. Pour empêcher la capture de l’UE par les entreprises, nous avons besoin d’ouvrir les décisions du Conseil de l’UE aux citoyens européens, de règles strictes pour empêcher l’accès privilégié des industriels aux décideurs, d’un blocage des portes tournantes et de véritables pouvoirs de contrôle pour les députés afin qu’ils puissent demander des comptes au gouvernement sur les décisions prises à Paris et à Bruxelles. »

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