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Préparation des Français au risque nucléaire : un bilan inquiétant

La pandémie de Covid-19 a montré la nécessité d’anticiper le risque pour pallier les pénuries de matériel, de vaccins, de soignants et limiter le nombre de décès. Pour l’ANCCLI, « il faut tirer les leçons de la crise Covid pour repenser la stratégie de logo_anccli2.gifprotection des populations face au risque nucléaire ». Dans le pays le plus nucléarisé au monde par nombre d’habitants, les moyens mis en œuvre pour protéger les Français sont inadaptés et insuffisants.
Les ratés de la dernière campagne de distribution d’iode
Distribués par les autorités françaises, de façon préventive, aux riverains des installations nucléaires, les comprimés d’iode protègent la thyroïde de l’iode radioactif en cas d’accident nucléaire.
La dernière campagne de distribution d’iode a eu lieu en février 2019, 1. 5 millions d’euros y ont été consacrés. Avec un taux d’échec de 75%, le bilan est rude. Sur les 2,2 millions de riverains ciblés, seuls 550 000 sont allés chercher leur comprimé en pharmacie.

Des exercices de crise « inaboutis »
En théorie, les 19 préfectures attachées aux 19 centrales nucléaires françaises sont tenues d’organiser, tous les 3 à 5 ans, suivant le type d’installation, des exercices de crise nucléaire impliquant la population. Pourtant, la population en est exclue.
En pratique, ces exercices sont réservés aux autorités et aux services de secours. Après avoir arrêté une date d’exercice, le Préfet, les représentants du nucléaire (ASN, IRSN) l’exploitant, les élus, les forces de l’ordre et les pompiers se réunissent dans un bâtiment public. Heure par heure, ils déroulent le protocole sans y associer l’ensemble de la population concernée. Pour deux raisons principales : - les autorités pensent qu’un tel exercice inquiéterait les riverains, - la mise en place d’un tel exercice nécessite des moyens matériels et humains conséquents.

L’autre écueil concerne les établissements scolaires. Si ces derniers bénéficient d’exercices « nuages toxiques », qui consistent à se confiner dans les bâtiments, ils n’intègrent pas le volet « évacuation » pourtant nécessaire en cas d’accident nucléaire.
Enfin, les Commissions Locales d’Information qui comme le prévoit la loi - devraient être associées aux exercices de crises en sont exclues ou y sont invitées en simple spectateur.

La réponse de l’ANCCLI : « Il faut développer la conscience du risque nucléaire » 
 
 
Tirer les leçons de la crise Covid pour éviter le pire 
 La pandémie de Covid-19 et ses conséquences désastreuses en matières sociale et économique doivent servir d’électrochoc à la fois pour les autorités et aussi pour les populations. Parce que le risque zéro n’existe pas, l’accident nucléaire doit être envisagé à sa juste portée et faire l’objet d’une préparation concrète pour anticiper et en limiter, autant que possible, les conséquences. Pour l’ANCCLI, « il est temps de développer une conscience du risque nucléaire à la hauteur du danger encouru ». Un constat partagé par 74% des Français qui, en matière d’accident nucléaire ou de crise sanitaire, trouvent « normal de prendre toutes les précautions même lorsque les experts n'ont que des doutes ». (1.000 personnes interrogées via internet pour l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, les 18 et 19 mai 2020). 
 • 9 mois pour repenser la distribution d’iode AVANT la campagne de février 2022 ! 
 Trois ans après la campagne ratée de 2019 (elle a enregistré un taux d’échec de 75%), la France s’apprête à déployer, en février 2022, la prochaine campagne de distribution d’iode2. A priori, dans les mêmes conditions que la précédente et sans avoir tiré d’enseignements sur les dysfonctionnements constatés. 
 Pour optimiser les résultats de la campagne de février 2022, l’ANCCLI suggère :

1/ d’autoriser la distribution d’iode en dehors des pharmacies. Pour l’ANCCLI, « il faut sortir de l’emprise du lobbying pharmaceutique car l’iode n’est pas un médicament. Privilégions plutôt une approche générale de santé en considérant l’iode comme un produit naturel » 

2/ de confier la distribution d’iode aux 1600 maires des communes concernées. L’ANCCLI propose de « sortir du dispositif actuel trop pyramidal qui ne laisse pas assez de place aux initiatives locales de distribution. Quand elles sont rendues possibles – comme dans le Var – elles s’avèrent plus efficaces car portées par le maire et la Commission Locale d’Information qui connaissent bien leur territoire et leurs administrés. La pandémie de la Covid-19 a démontré que les maires et les acteurs locaux savent sensibiliser, contacter, gérer leurs administrés. » 
 Par ailleurs, l’ANCCLI souhaite s’assurer que les stocks d’iode destinés à l’ensemble de la population française existent bien et qu’ils pourront être distribués rapidement aux populations à protéger en cas de nuage radioactif. 
 • Impliquer les populations dans les exercices de crise 
 Les trois millions de personnes qui résident dans le périmètre des 20km autour des installations nucléaires ne sont pas associées aux exercices de crise. 
 Pourtant, souligne l’ANCCLI « une implication totale des riverains dans les exercices permettrait d’éviter tout mouvement de panique et limiterait considérablement les conséquences d’un accident majeur. Le maître mot est le discernement. Pour avoir des citoyens engagés, impliqués, au fait des consignes et qui les respectent, il faut qu’ils comprennent pourquoi, comment, avec quelles organisations la situation est gérée ». 

Pour l’ANCCLI, « seule la multiplication des exercices de crise EN SITUATION REELLE = JOUER LA MISE A L’ABRI ET L’EVACUATION - permettra de développer une véritable responsabilité individuelle face au risque. 
 Un sondage IFOP, réalisé sur un échantillon de 1 001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, indique que 78% des Français ignorent quoi faire en cas de catastrophe naturelle ou industrielle et souhaiteraient être mieux informés. Seules 22% des personnes interrogées affirment connaître les consignes liées au déclenchement du signal national d'alerte. Les sirènes émettent un signal modulé, montant et descendant, composé de trois séquences d'une minute 41 secondes, séparées par un silence de cinq secondes. Un signal qui ne doit donc pas être confondu avec celui d'essai d'une minute seulement, diffusé à midi le premier mercredi de chaque mois. 
 
Reconnaître l’alarme associée à un accident nucléaire : 
 
• S’appuyer sur les maires et les 35 CLI, membres de l’ANCCLI 
 Que ce soit pour la distribution des comprimés d’iode ou pour l’organisation des exercices de crise, l’ANCCLI suggère aux autorités françaises de s’appuyer sur le maillage territorial de confiance dont bénéficie la France, à savoir les 1600 mairies situées dans un rayon de 20km autour des sites nucléaires et les 35 CLI ou Commissions Locales d’Informations, membres de l’ANCCLI (elles sont une exception française). 
 
La crise de la Covid-19 a montré l’attachement des populations aux solutions concrètes et rapides que pouvaient apporter les maires qui connaissent leurs administrés, leur territoire et les risques associés. Tout comme pour la gestion de la Covid, la gestion du risque nucléaire doit être décentralisée. Par ailleurs, les CLI, acteurs et relais d’information de la sûreté nucléaire auprès des sites nucléaires français, doivent être sollicitées pour remplir le rôle que l’Etat leur a assigné : informer localement les populations sur la sûreté nucléaire. Pourtant, les CLI sont trop souvent écartées. Tant sur les décisions prises nationalement pour la distribution d’iode que sur les exercices de crise organisés par les Préfectures

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Carte de Greenpeace

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