Les Français, vent debout contre l'éolien ? Contrairement à ce qu'ont récement prétendu Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, ils seraient en réalité 73% à en avoir une bonne image. Dans une tribune parue dans La Tribune le 3 mars 2020, France Nature Environnement et 8 acteurs de la transition énergétique appellent le gouvernement à adopter une posture constructive et à prendre des décisions opérationnelles pour un développement de l'éolien ancré localement. Et rappellent que ce développement ne pourra se faire qu'en impliquant les habitants dans les projets éoliens.
L'éolien est un pilier incontournable de la transition énergétique
RTE, l'ADEME ou l'association négaWatt le soulignent dans leurs scénarios: l'éolien, mature et compétitif, est indispensable à la transition énergétique.
Le développement de l'éolien en France est soumis à la réglementation la plus stricte d'Europe. Exclu de certaines zones pour des enjeux de biodiversité, de paysage ou de patrimoine, l'éolien est fortement limité sur la moitié du territoire en raison de contraintes aéronautiques et radars. Enfin, c'est à la suite de l'analyse de l'étude d'impact de chaque projet par divers services de l'Etat, de la consultation des communes et d'une enquête publique qu'intervient l'autorisation du Préfet.
Bien évidemment, le développement de l'éolien comme de toutes les énergies renouvelables doit aller de pair avec la préservation de la biodiversité et s'accompagner de politiques de sobriété et d'efficacité énergétique pour assurer la transition écologique.
Pour un modèle énergétique partagé, décentralisé et ancré localement
Les sondages le montrent: le soutien à l'éolien se renforce. En 2018, 73% des Français indiquaient en avoir une bonne image, 80% pour ce qui est des riverains d'un parc éolien (Harris Interactive) ; en 2019, ils étaient 77% selon OpinionWay.
Il ne s'agit pas de nier les éventuelles craintes ou interrogations mais de les comprendre pour les dépasser : c'est en donnant un réel pouvoir aux habitants dans le développement des énergies renouvelables que l'on en facilitera l'appropriation et donc l'essor. C'est d'ailleurs tout le sens de la notion de "communautés énergétiques" récemment introduite dans le droit européen. L'heure n'est plus à la politique énergétique centralisée du siècle dernier, dont citoyens et collectivités étaient les grands absents. La nouvelle donne des renouvelables permet de les remettre au centre du jeu ; ils en sont demandeurs !
A ce titre, de plus en plus de territoires prennent en main leur avenir énergétique et s'engagent dans des projets d'énergie renouvelable, en particulier éoliens, permettant à leurs habitants d'être parties prenantes de la transition énergétique et fiers de "leurs" éoliennes. C'est notamment le cas des TEPOS - territoires à énergie positive.
Il est donc essentiel de faciliter l'entrée des acteurs locaux à la gouvernance des projets éoliens - et d'énergie renouvelable en général. La participation de ces acteurs aux décisions stratégiques permet en effet une maîtrise partagée du projet et de ses risques ainsi qu'une meilleure répartition de ses bénéfices avec les acteurs privés classiques. Une récente étude réalisée avec le soutien de l'ADEME montre ainsi que les opérations qui impliquent fortement citoyens et collectivités dans leur gouvernance génèrent deux à trois fois plus de retombées économiques locales que les projets privés.
Nous, porteurs et accompagnateurs de projets éoliens dans leur diversité, attendons par conséquent du gouvernement une posture constructive et des décisions opérationnelles pour un développement de l'éolien ancré localement et à la hauteur des enjeux de la transition énergétique.
Signataires
Alenka Doulain et Arnaud Brunel, Co-présidents d'Energie Partagée
Jean-Baptiste Lebrun, Directeur du CLER - Réseau pour la transition énergétique
Nicolas Wolff, Président de France Energie Eolienne
Serge Nocodie, Vice Président d'AMORCE en charge des énergies renouvelables
Amandine Albizzati, P-DG d'Enercoop
Michel Dubromel, Président de France Nature Environnement
Alain Grandjean, Président de la Fondation Nicolas Hulot
Anne Bringault, Responsable Transition Énergétique au Réseau Action Climat
Hugues Sibille, Président du Labo de l'ESS