En Afghanistan, les journalistes sont confrontés à des menaces, des tentatives d'intimidation et à de la violence. Leur tort ? Avoir fait leur travail. Ce billet est en mémoire des 10 journalistes afghans tués cette semaine.
C’était une heure de pointe pour les professionnels de l’information à Kaboul. Une de plus dans ce pays ravagé par la guerre depuis 2001. Ce lundi 30 avril, le jour se lève dans la capitale afghane quand une bombe explose devant un immeuble abritant une école de langues.
La presse accourt, reporters, photographes, cameramen. Il faut montrer l’horreur, les victimes, au moins 15 morts et plus de 50 blessés. Moins d’une demi-heure plus tard, un kamikaze se fait sauter au milieu des journalistes. Ils sont 9 à être tués.
Parmi les victimes de Kaboul, Shah Marai, un vétéran de l’Agence France Presse (AFP). A 41 ans, il comptait déjà 22 ans de métier et dirigeait le bureau photo de l’AFP dans la capitale afghane. Ali Saleemi, lui, venait d’être embauché par Mashal TV et commençait à se frotter au terrain. Ghazi Rasooli, 21 ans, finissait quant à lui ses études de journaliste à l’Université de Kaboul.
"Les journalistes afghans sont parmi les plus courageux du monde, ils continuent à faire face à l'injustice et à donner la parole aux victimes."
Omar Waraich, directeur Asie du sud d’Amnesty International
Ces journalistes, la terreur veut les faire taire, en Afghanistan, mais aussi au Mexique, en Turquie. Comment ne pas penser à eux, alors que le monde consacre ce jeudi 3 mai une journée à la liberté de presse, fragilisée par des assassins à la solde de milices terroristes, d’organisations mafieuses, de régimes corrompus.
Plus grande tuerie de journalistes depuis celle de la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris, le 7 janvier 2015, qui avait fait 11 victimes, le massacre de Kaboul ne devra pas rester impuni, en mémoire de tous ceux qui ne font que leur métier.
Depuis le début de l’année, 29 journalistes et collaborateurs de presse ont été tués dans le monde.