Le roi Louis-Philippe fit don à la Ville de Vouziers le 11 septembre 1836 d'une tapisserie des Gobelins représentant la Sainte Famille d'après une œuvre de Raphaël. Cette tapisserie orna l'église Saint-Maurille jusqu'à la veille de la seconde guerre mondiale. Elle a été démontée et emportée à ce moment pour être mise à l'abri. Elle a malheureusement disparu à la fin de la guerre, et sa localisation actuelle n'est pas connue.
Faisant pendant à cette tapisserie du côté nord, se trouvait un tableau appelé par imitation la Sainte Famille, représentant en fait La Vierge à l'enfant entre saint Pierre et saint Paul. Ce tableau avait lui aussi quitté l'église Saint-Maurille récemment, mais il n'avait pas disparu. Il avait simplement été confié à une équipe de restaurateurs d'art, étant donné son état. Le tableau a retrouvé l'église de Vouziers, déplacé du côté sud afin de ne pas souffrir des poussières véhiculées par une bouche de chauffage.
Ce jour, une inauguration marquait le retour de la toile restaurée, et permettait de remercier tous ceux qui se sont impliqués dans cette opération de sauvegarde d'un patrimoine local.
Yann Dugard, le Maire de Vouziers a donc salué le travail remarquable des restaurateurs, que ce soit du tableau lui-même ou de son cadre. Le travail effectué permet de retrouver les couleurs d'origine, et de préserver l’œuvre pour les années à venir.
Il a donné la parole à Michel Coistia de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine du Vouzinois, qui a repris l'historique et a proposé une explication détaillée du tableau. On peut retenir les éléments suivants :
Les caractères stylistiques et iconographiques de cette peinture de même que sa composition font penser à l'entourage ou à l'atelier du peintre G. Lallemant (1575-1635), actif à Paris à partir de 1600. La présence derrière le groupe central de sainte Geneviève tenant un livre et un cierge ainsi que d'un ermite barbu qui pourrait être saint François de Paule font songer à une origine parisienne. On peut noter que ce tableau est très proche par sa composition et ses coloris de l’œuvre de Georges Lallemant exposée dans l'ancienne abbatiale de Rouen intitulée La Descente du Saint-Esprit (1635). Le sujet de l’œuvre de l'église Saint-Maurille n'est pas une Pentecôte, mais on peut penser qu'elle est inspirée de l’œuvre de G Lallemant et est contemporaine ou postérieure à 1635.
Cet artiste est un peintre français d'origine lorraine, actif à Paris dans le premier tiers du XVIIe siècle. À la tête de l'un des plus importants ateliers de la capitale, il a mis notamment son talent au service des communautés religieuses de Paris. Son œuvre avait presque entièrement disparu avant les multiples découvertes survenues au XXe siècle, qui ont permis de redécouvrir un peintre encore peu connu.
Le représentant de la fondation du patrimoine, Madame Christine Noiret-Richet, conseillère régionale et Monsieur Marc Laménie, sénateur ont tous les trois insisté sur l'importance du patrimoine local et sur l'importance de la part du mécénat dans le financement d'une telle opération. Il faut savoir qu'avec les subventions reçues et le mécénat mobilisé, la ville de Vouziers n'a gardé comme reste à payer qu'une somme tout à fait modeste.
Le curé de Vouziers, le père Bruno Hayet, s'est lui aussi félicité du retour de cette toile, qui rehausse l'éclat de l'église Saint-Maurille.
Le tableau avant sa restauration
Le tableau dans son éclat actuel.