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Réfugiés : le piège libyen

Communiqué d'Amnesty International [01/07/2016]

Nos équipes ont pu s’entretenir avec 90 réfugiés et migrants, dans des centres d’accueil italiens. Ils avaient tous traversé quelques mois avant la Méditerranée depuis la Libye. Tous ont subi des violences de la part des trafiquants, de bandes criminelles ou encore de groupes armés. 

 

Pour arriver en Libye, les réfugiés et les migrants doivent traverser le désert. Là, ils sont déjà entre les mains de trafiquants sans scrupule. Et pour celles et ceux qui fuient la Corne de l’Afrique (Érythrée, Somalie…), le passage par le Soudan est obligé pour rejoindre la Libye, à travers le désert. 

Paolos, 24 ans, Erythréen a vu une personne abandonnée en plein désert.

Nous avons vu [les trafiquants] jeter un homme [en dehors du camion] dans le désert. Il était encore en vie. C’est une personne handicapée. »

Paolo, Erythréen

Ahmed, 18 ans, Somalien, a demandé de l’eau aux trafiquants pour des Syriens qui avaient besoin de boire. Il a été battu pour cela.

Le premier Syrien est mort de soif. Il était jeune, peut-être 21 ans. Après, [les trafiquants] nous ont donné de l’eau, mais un autre Syrien est mort aussi, il n’avait que 19 ans. »

Ahmed, Somalien

Une fois arrivés en Libye, les réfugiés et les migrants restent entre les mains des trafiquants ou sont vendus à des bandes criminelles. Ils sont enlevés, battus, torturés, exploités par leurs geôliers.

La peur permanente des violences sexuelles

Les femmes vivent dans la peur permanente de subir des violences sexuelles par les trafiquants, les membres des groupes armés ou encore de bandes criminelles.

Cette peur les tient tout le long de leur traversée de la Libye et également sur les côtes, qu’elles attendent pour prendre une embarcation, dans des maisons, privées ou abandonnées.

Une jeune fille de 22 ans, Erythréenne nous a raconté l'histoire d'une personne qui a été violée :

Sa famille ne pouvait pas encore verser de l’argent aux trafiquants. Ils l’ont emmenée, et elle a été violée par 5 hommes libyens. Ils l’ont ramenée plus tard dans la nuit. Personne ne s’est opposé. Tout le- monde était effrayé ».

 

Une Jeune Erythréenne

Enlevés, exploités, extorqués

Les trafiquants détiennent les réfugiés et les migrants pour extorquer à leur famille une rançon. Ils les gardent dans des conditions épouvantables, les privent de nourriture et d’eau et les frappent, les menacent et les insultent en permanence.

Régulièrement battus, les personnes qui ne peuvent pas payer, doivent travailler de façon forcée pour rembourser la ‘’dette’’ aux trafiquants.

Abdulla a 23 ans, il est Erythréen. Il nous a expliqué comment les trafiquants torturent ceux qu’ils détiennent pour les forcer les familles à payer.

Semre a 22 ans. Il vient d’Erythrée. Elle a vu 4 personnes, dont un jeune garçon de 14 ans et une jeune fille de 22 ans, mourir de faim et de maladie alors qu’elles étaient détenus pour rançon.

Son père a payé pour le faire sortir. Mais à sa sortie, Semre a été vendu à un autre groupe criminel.

Persécutions religieuses contre les chrétiens

De nombreux groupes armés sont très puissants et certains ont fait allégeance au groupe armé auto-proclamé Etat islamique (EI). Ce groupe prône sa propre interprétation de la loi islamique.

Les migrants et réfugiés chrétiens sont particulièrement ciblés en Libye.

En 2015, Adam, 28 ans originaire d’Ethiopie, a été enlevé par l’EI à Benghazi avec sa femme, parce qu’il était chrétien.

ils m’ont gardé en prison pendant un mois et demi. L’un d’entre eux m’a pris en pitié après lui avoir dit que j’avais de la famille. Il m’a aidé à mémorisé le Coran de façon à ce qu’ils puissent me laisser partir. Ils tuent beaucoup de personnes ».

Adam, Ethiopien

Lire aussi : quand l'UE veut coopérer avec la Libye

Il est temps d’agir

Personne ne doit avoir à faire face au rapt, à la torture et au viol en Libye pour trouver une protection. 

- La communauté internationale doit faire son maximum pour assurer que les réfugiés n’aient pas besoin de fuir en Libye en premier lieu. 

- L’UE et les autres Etats du monde, doivent de toute urgence augmenter le nombre de place de réinstallation et d’admission humanitaire pour les réfugiés vulnérables qui n’ont pas de protection effective dans les pays où ils ont trouvé un premier refuge.

- Les autorités libyennes doivent de toute urgence restaurer l’Etat de droit et la protection des droits des migrants et réfugiés. Les responsables de ces crimes odieux doivent être traduits en justice.

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