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En 2014, EDF a passé sous silence un "incident" grave à Fessenheim

Communiqué de "Sortir du Nucléaire"

En avril 2014, une succession d’"incidents" inquiétants, conduisant à la mise à l’arrêt de la centrale, s’est déroulée à Fessenheim dans un silence médiatique quasi total. Il a fallu attendre presque deux ans pour que cet événement révélateur de problème de sûreté criants sorte de l’ombre, la presse allemande s’en étant saisi.

Une succession de dysfonctionnements inquiétants

bc8c9aad4e4cbee6f229e663f7631a70.jpgLe 9 avril 2014, des agents chargés de remplir un réservoir l’ont laissé déborder. 3 m3 d’eau se sont alors déversés dans les étages inférieurs, aspergeant des armoires électriques et provoquant un court-circuit. Ce court-circuit a bloqué les systèmes de contrôle et obligé EDF à arrêter le réacteur en urgence. EDF n’a pas pu recourir aux mécanismes habituels, qui étaient apparemment indisponibles en raison des défauts électriques. Sans doute pour ne pas fragiliser la cuve, il n’a pas été envisagé de procéder à un arrêt brutal en laissant retomber automatiquement les barres de commande. EDF a donc été contraint d’arrêter le réacteur en injectant massivement dans l’eau de refroidissement du bore, substance qui a la capacité de freiner les réactions en chaîne.

Silence radio sur le problème et son origine

Cet "incident" n’a pas débouché sur un accident nucléaire. Mais il doit être pris au sérieux, autant par les conséquences qu’il aurait pu avoir que par les dysfonctionnements qu’il révèle en termes de maintenance défectueuse et de culture de sûreté déficiente.

Les nombreuses questions soulevées par les représentants des associations antinucléaires au Comité Local d’Information et de Surveillance de Fessenheim (voir ci-dessous) sont restées sans réponse. L’Autorité de sûreté nucléaire elle-même a minimisé le problème et EDF s’est gardé de communiquer dessus. Silence radio du côté de la presse française : seul le Canard Enchaîné en a fait état !

Ce silence interroge sur la "transparence" d’EDF et des autorités en cas d’accident grave. Il interpelle aussi sur la capacité des médias français à réagir à ce type d’événement.

Un problème similaire s’est reproduit en 2015

Le 28 février 2015, la centrale a été à nouveau arrêtée pour un "défaut d’étanchéité". Ce terme banal cachait dans les fait la rupture d’une tuyauterie, qui a déclenché une fuite de plus de 100 m3 d’eau jaillissant en salle des machines et provoquant un défaut d’isolement sur un tableau électrique.

Là encore, le problème a été tu. La canalisation fut rafistolée en urgence - il faut dire que Nicolas Sarkozy devait venir visiter la centrale ! Une semaine après, cette canalisation se rompait à nouveau, sous les yeux des inspecteurs de l’Autorité de sûreté nucléaire, qui constatait que des informations lui avaient été dissimulées. Suite à cette affaire, le Réseau "Sortir du nucléaire" et les associations antinucléaires alsaciennes ont porté plainte contre EDF.. Peu après, le directeur de la centrale était remplacé. Cet "incident" lui avait-il coûté son poste ?

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Fessenheim doit être arrêtée immédiatement !

Ces événements et la manière dont ils ont été gérés par EDF interrogent fortement quant à la capacité d’EDF à faire face à un problème de plus grande ampleur et à sa tendance à dissimuler l’information.

Ils constituent en tout cas un symptôme des multiples dysfonctionnements qui affectent la centrale. Si la partie nucléaire fait l’objet d’une surveillance importante, ce n’est pas le cas de la partie non nucléaire (qui abrite notamment la salle des machines), où la maintenance est apparemment beaucoup moins rigoureuse. Cette succession de défauts de maintenance met en cause la capacité de la centrale à réagir en cas d’accident plus grave.

Ces problèmes viennent s’ajouter aux risques liés au vieillissement et aux menaces liées à la situation de la centrale (en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace).

Il est inacceptable que François Hollande tergiverse et que des candidats potentiels à l’élection présidentielle proposent de la maintenir en fonctionnement. Fessenheim doit être fermée maintenant, sans attendre un accident ou l’hypothétique mise en service de l’EPR de Flamanville.

Commentaires

  • Je fais partie des ignorants en science nucléaire, en matière d'industrie électrique, en sociologie et en économie entourant ces domaines, je suis donc inquiet devant des dangers qui planent au dessus de nos centrales et que suggère cet énième article.

    Il me semble raisonnable et urgent de fermer la centrale de Fessenheim.

    Les risques techniques en cascade font peurs. Une lessiveuse qui déborde; l'eau qui perturbe des tableaux électriques; des installations complexes qui se dérèglent; un incident technique imprévu qui en découle ! jusqu'où cela peut-il aller ? Jusqu'à un infernal feu nucléaire ?

    Je comprends les Allemands, les Suisses, voisins, et les responsables écologistes français.

    Arrêtons là cette folle industrialisation dangereuse qui paraît ne pas être bien maitrisée.

    Daniel

  • Eh oui , le problème c'est qu'une centrale nucléaire ça ne s'arrête pas comme cela en fermant la porte et "au revoir" .
    Tout cela va coûter cher , très cher surtout pour nos enfants . Plus difficile et plus long à démonter qu'à construire ces engins là ...et puis il y a les déchets pour des milliers d'années .
    L'état sait bien nous enquiquiner avec des mesures de sécurité (contrôle technique des voitures , gilets de sécurité ,détecteur de fumée ........) mais nous expose à des risques bien plus importants avec ces vieilles centrales en nous cachant la vérité !
    C'est inadmissible que ce soit le "canard enchaîné" qui une fois encore apporte un peu de "lumière" sur ces centrales qui nous menacent , et dont la plupart de nos politiques n'osent pas toucher de peur de se brûler !

  • C'est tout simplement la folle histoire du capitalisme que le politique ne parvient pas à brider dans sa totalité. En conséquence les peuples subissent les périodes de croissance puis de crises ou encore la prospérité puis la chute de plus en plus explosive... Le capitalisme nous apporte le progrès et de biens belles évolutions mais tant qu'il sera incontrôlable avec la recherche du profit pour l'unique profit l'humanité sera en danger. La solution n'est elle pas dans la gouvernance mondiale pour définir des règles communes et identiques pour toutes les entités créatrices de richesses ?

  • Fabien a raison. Je le crois car la recherche acharnée de profit conduit à la perte du respect des autres, à une volonté de domination, à la jouissance sans retenue des biens de la Terre.

    Une gouvernance mondiale unique paraît cependant n'être qu'un leurre. Elle est sans doute souhaitable et peut-être possible bien que je ne vois pas les dérives qui ne manqueraient pas de surgir.

    Les traités internationaux de plusieurs natures existent et fonctionnent. Ce pourrait être les prémices d'une gouvernance mondiale.

    L' ONU pour la recherche partout dans le monde de la paix. L' OTAN par et pour la défense des pays entourant l'Atlantique. Les Conventions de Genève pour la défense des prisonniers de guerre. Existent aussi des unions de pays voisins comme l' UE pour faciliter la vie ensemble des habitants, le Mercosur, même exemple d'union économique et sociale des pays d' Amérique du sud.

    Attention, on le sait et ce blog l'a développé dans ses pages, les Transactions économiques en débat aujourd'hui, entre l'Amérique du nord et l'Europe, qui nous inquiètent beaucoup.

    Tout ceci nous invite à une vigilance accrue tout en allant de l'avant.

    Daniel

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