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Tianjin: la tragédie n’est pas terminée et pourrait se reproduire ailleurs

Communiqué de Geenpeace.

L’accident chimique qui a eu lieu dans la zone portuaire de Tianjin n’est pas encore sous contrôle; la Chine devra longtemps lutter contre ses conséquences. Une équipe de Greenpeace effectue des mesures sur place et a enquêté dans d’autres ports chinois.

L’équipe de Greenpeace en Chine accumule les nuits blanches derrière elle. Depuis plusieurs jours, des collaborateurs de l’organisation sont sur place à Tianjin. Ils prélèvent des échantillons d’eau provenant de flaques localisées autour du site des explosions et de la rivière Haihe où l’on a retrouvé de grandes quantités de poissons morts. L’objectif : évaluer les impacts environnementaux possibles suite à l’accident chimique catastrophique de mercredi 12 août 2015. L’explosion dans le port de cette métropole de 7,5 millions d’habitants a coûté la vie à 114 personnes au moins. Environ 70 autres sont portées disparues.

C’est surtout la propagation de cyanure de sodium, hautement toxique, après une autre explosion samedi 15 août, qui inquiète les collaborateurs de Greenpeace.. L’équipe constituée autour de Yixiu Wu, experte des polluants pour Greenpeace Asie de l’Est, tente d’obtenir des informations plus précises afin de mieux pouvoir évaluer la situation. Une tâche difficile, car les informations des autorités chinoises sont sommaires. Le type et la quantité de produits chimiques entreposés dans la zone portuaire demeurent inconnus.

 

La population est inquiète – une infime dose de cyanure de sodium suffit à tuer un être humain. L’industrie minière a recours à cette poudre, incolore à température ambiante, pour extraire l’or et l’argent. Combinée à de l’eau, elle se transforme en acide cyanhydrique, un poison qui peut être absorbé par la peau et être transmis par l’air. Les eaux, les sols, la poussière ou la suie peuvent être contaminés par ce produit chimique, en tout cas à proximité du centre de l’explosion. Les premières analyses des eaux effectuées par les autorités dans la zone d’évacuation ont déjà livré des résultats positifs.

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Un danger pour l’eau potable ?

 

Une zone d’évacuation d’un rayon de trois kilomètres a été établie. Les habitants ont dû quitter leurs appartements. Un périmètre trop petit, explique Yixiu Wu, qui exige que le rayon soit augmenté à cinq kilomètres.

 

« Il faut s’attendre à des dépôts de substances toxiques partout où des fumées se sont répandues et là où la suie est tombée », explique le chimiste Manfred Santen de Greenpeace Allemagne. L’annonce de pluies ne facilite pas les choses – les toxiques sont disséminés par les eaux pluviales lorsque celles-ci s’écoulent, et sont entraînés jusqu’aux surfaces avoisinantes, dans les fossés d’infiltration et les canalisations. Selon Santen, on ne peut pas encore évaluer ce que cela signifie pour les eaux souterraines, l’eau potable et le sol.

« Décontaminer la région sera une lourde tâche », explique Santen. Tout un cocktail de produits chimiques s’est abattu sur la région, et personne ne sait exactement quels polluants ont été déposés sur la dixième plus grande zone portuaire du monde suite à l’explosion. Beaucoup de containers aux chargements inconnus et des voitures ont brûlé, avec pour résultat très probable la formation de substances cancérigènes entre autres.

 

Le gouvernement a une part de responsabilité

Yixiu Wu attribue au gouvernement une part de responsabilité dans cette catastrophe: l’accident serait la conséquence d’une gestion négligente des produits chimiques dangereux. Certes, en décembre 2011 le gouvernement a édicté des réglementations plus sévères en matière de production, d’entreposage et de transport des produits chimiques. L’accident montre cependant qu’elles ne suffisent pas. Les autorités chinoises auraient fait montre de beaucoup trop de laisser-aller dans les contrôles visant à les faire respecter.

Ceci pourrait également expliquer pourquoi, selon les rapports des médias, 700 tonnes de cyanure se trouvaient sur le site. Apparemment, seules dix tonnes avaient l’autorisation d’être entreposées. De même, des doutes demeurent quant à savoir si la firme responsable des halles de stockage, Ruihai Logistics Company, avait annoncé de manière conforme toutes les marchandises dangereuses. Jusqu’à présent, en effet, les autorités n’ont rien publié concernant la nature et la quantité des produits chimiques. A cause de ce manque d’information, les pompiers pourraient être partis du principe que d’autres produits étaient entreposés. Lors d’une tentative d’éteindre le premier incendie avec de l’eau, il est probable que du carbure de calcium (un produit chimique utilisé dans la fabrication d’engrais), également entreposé à l’épicentre de la déflagration, ait explosé après avoir réagi avec l’eau. Beaucoup de membres des forces d’intervention ont ainsi perdu la vie.

Greenpeace mène l’enquête dans d’autres ports chinois

Suite aux explosions du 12 août à Tianjin, Greenpeace a enquêté sur la présence d’entrepôts de produits chimiques dans 4 autres grands ports chinois : Shanghai, Ningbo, Guangzhou et Qingdaoµ. Résultats de cette investigation : la totalité de ces ports viole la législation chinoise qui stipule qu’une distance de sécurité de 1000 mètres doit obligatoirement être respectée entre les entrepôts de produits chimiques et les habitations, bâtiments publics et infrastructures de transports.

Pour Yixiu Wu, « les résultats de cette enquête montrent que la tragédie de Tianjin pourrait se produire ailleurs. La négligence et le non-respect de la loi sont très répandus en Chine. Le cas de Tianjin doit servir de signal d’alarme pour le gouvernement afin qu’il veille enfin à une mise en œuvre complète des réglementations. C’est déjà la treizième explosion dans une entreprise chimique cette année en Chine. »

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