La campagne électorale actuelle est étonnante, elle sort de l'ordinaire, elle est singulière comme le souligne Yann Dugard dans son programme électoral distribué ces jours-ci.
Habituellement, la réception de la profession de foi par les services postaux marque la fin de la campagne électorale. Pour ce scrutin, la distribution du programme du candidat de l'opposition s'est faite après celle du document officiel, à deux jours de la clôture de la campagne. Ce document de 14 pages détaille les propositions, déjà résumées dans la profession de foi, sans apporter d'éléments fondamentalement nouveaux. Yann Dugard y explique sa démarche : son projet est né des attentes confiées par les habitants, au point que "pas un paragraphe, pas une phrase n'ont été écrits sans que vous en soyez à l'origine"
Cette démarche se ressent à la lecture du document, elle en fait sa force et sa faiblesse.
Il comporte de nombreux objectifs et propositions, mais manque d'une ligne directrice globale qui relierait tous les points abordés. Une politique ne peut se contenter d'être la somme de projets partiels, même si certains apparaissent pertinents. Un candidat maire doit avoir une vision transversale, qui fait la synthèse des atouts et des faiblesses de la ville.
Par exemple, le rôle des élus de Vouziers au sein de la Communauté de Communes n'est abordé que sur des compétences particulières (industrie, tourisme) mais à aucun moment d'une manière globale.
Comment renforcer la nécessaire complémentarité entre la ville centre et sa périphérie, quels sont les projets à présenter pour aller dans cette direction ?
Des problèmes fondamentaux sont passés sous silence, comme celui des communications (transports en commun ou internet très haut débit).
La perte démographique n'est pas traitée alors que toutes les études annoncent la poursuite de la baisse de population et de son vieillissement. Cette évolution doit être prise en compte dans les choix proposés.
L'environnement est à peine abordé : quelle politique de prévention des inondations est préconisée, puisque cette compétence sera communale dès 2015.
Le ramassage des ordures ménagères et la réduction des déchets ultimes par une politique de tri et de recyclage ne sont pas évoqués, pas plus que la question de l'eau (délégation ou gestion communale).
Le thème de la santé n'est vu qu'à travers les équipements (hôpital, maison de santé) sans regard sur les points les plus problématiques (surmortalité, addictions, précarité,...).
La situation des gens du voyage et leur intégration à la vie communale ne sont pas réglées par la mise en service du terrain situé au bout de la zone industrielle. Pourra-t-on aller vers une solution satisfaisante pour tous si le problème n'est pas même posé ?
Ces exemples sont cités pour montrer que la démarche suivie et le programme qui en découle comportent des insuffisances notables.
Yann Dugard écrit qu'il a construit son projet depuis fin 2013 et qu'il a"passé l'essentiel de son temps à penser à ce qui serait le mieux pour vous et votre famille". Donnons-lui acte de sa démarche et de sa sincérité.
Il semble cependant qu'il ait manqué de temps et de recul pour présenter un projet plus complet et surtout construit autour d'un axe cohérent et structurant. La nouvelle dynamique revendiquée aurait alors pris une forme crédible, au-delà d'un simple renouvellement d'équipe.