Les Ardennes, à l'exception du Rethelois et du canton de Machault, bénéficient d'un classement Bassin d'Emploi à Redynamiser (B.E.R).
Un décret de février 2007 fixe les critères retenus pour être bénéficiaire de ce classement B.E.R :
- le taux de chômage, au sens du Bureau international du travail, au 30 juin de l'année 2006 ;
- la variation annuelle moyenne de la population sans double compte entre les recensements de 1990 et de 1999 ;
- la variation annuelle moyenne de l'emploi total entre 2000 et 2004 telle qu'elle ressort des statistiques publiées par l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Malheureusement notre secteur répond à ces critères. Pour les entreprises, un investissement dans les Ardennes entraîne une exonération des cotisations sociales, de l'impôt sur les sociétés, de CET et de taxes foncières pendant une durée pouvant aller jusqu'à 7 ans. Mais les résultats sont loin d'être présents. De Givet à Nouzonville, de Mouzon à Vouziers, en passant par Charlevillr ou Sedan il difficile de voir les unités industrielles ou les emplois créés!
Le secteur de Rethel qui est en dehors du dispositif s'en sort plutôt mieux. Il serait temps de tirer le bilan de cette décision, dont le coût en perte de revenus pour l'état et les collectivités locales n'est pas supportable en face des résultats.
Pourtant, Benoit Huré souhaîte prolonger une nouvelle fois le dispositif (il devait se terminer le 31 décembre 2011, et a donc été prolongé de deux ans).
Voici un extrait d'un communiqué daté du 15 février 2013 de l'agence News Press " il faut encore la faire connaître aux décideurs économiques, et cela demande de la patience entre le temps d'information et celui de la prise de décision ferme pour une implantation dans les Ardennes.
Les entreprises ont peu de temps pour monter leur projet, puisque le dispositif du BER doit s'éteindre à la fin de l'année.
D'où la demande du président Huré de le prolonger pour que les efforts de promotion du dispositif et des Ardennes portent leurs fruits !"
Si les entreprises ne sont pas au courant au bout de 6 ans, on peut s'interroger sur les capacités de communication du Conseil Général.
L'échec de ce dispositif est lié à des problématiques bien plus complexes qu'un simple retard de communication. Pour de multiples raisons, les Ardennes n'ont pas réussi à s'adapter aux mutations macro-économiques : on pourrait écrire des livres à ce sujet.
On peut cependant tirer une conclusion évidente de cette tentative ratée : la baisse du coût du travail n'est pas la solution miracle qui va créer de l'emploi, ni dans les Ardennes ni ailleurs.
Commentaires
Deux activités dominantes.
Les Ardennes, terres de traditions métallurgique et textile, a connu un crise profonde due aux mutations de ces deux activités industrielles. La stratégie de réindustrialisation a été hésitante. Il faut avouer que les choix n'étaient pas évidents. Reconvertir ces deux industries en les modernisant, jouer la carte des "Ardennes vertes" et du tourisme, puis celle de la production énergétique, avec Chooz, plus récemment celle de la logistique "transports". Mais jamais, nos stratèges départementaux ne sont allés au bout de leurs choix qui, parfois d'ailleurs, se contredisaient.Le choix des activités liées aux nouvelles techniques de communication et de marchandising, par contre, a été ignoré.L'équipement du département en fibre optique est seulement envisagé.Une mutation industrielle plus radicale aurait pu permettre de prendre de l'avance dans ce domaine.En privilégiant les équipements routiers par rapport aux voies fluviales, aux voies ferrées, on se trompe peut-être une nouvelle fois? Pour en revenir à l'inefficacité de la communication,il faudrait plutôt affirmer, qu'une communication qui ne correspond pas aux attentes des investisseurs, n'est pas entendue, n'est pas reçue.Parler plus longtemps et même plus fort mais pour crier la même chose ne servira à rien.l'hélio-tropisme et le thalasso-tropisme jouent à plein aujourd'hui et créent de l'emploi au sud et à l'ouest.L'ardenno-tropisme ne naitra surement pas de la navrante campagne de communication lancée et financée par le département autour d'un coeur servi par deux gugusses farfelus!Rien n'est simple, rien n'est facile!Encore faut-il ne pas trop se compliquer la tâche!
Les seuls emplois qui sont visibles, et que l'on peut facilement attribuer à ce dispositif, le sont sur les nouvelles zones commerciales (Charleville - La Croisette, Sedan à proximité du Leclerc et bientôt sur la zone du Blanc-Mont de Vouziers).
Ce dispositif transforme notre territoire en paradis fiscal, avec des exonérations conséquentes concernant les charges suivantes :
- impôt sur les sociétés pendant 7 ans
- imposition forfaitaire annuelle pendant 7 ans
- taxe professionnelle pendant 5 ans
- taxe foncière pendant 5 ans
- cotisations sociales pendant 7 ans
Une condition est tout de même nécessaire, effectuer au moins 25% de son chiffre d'affaire dans cette zone.
De fait, cela bénéficie plus facilement aux unités commerciales qu'aux unités industrielles (difficile de trouver des clients industriels viables dans ce bassin en crise).
Mon analyse de ce dispositif, bien qu'au départ pro-BER, est qu'il crée une concurrence faussée entre les commerçants du centre ville (installés de longue date) et les nouveaux venus (souvent des franchises adossés à des fonds d'investissements).
Je l'affirme donc, ce dispositif, en plus de ne pas attirer de nouvelles structures innovantes (quid des infrastructures telecom) et tournées vers l'export, accélère la désertion des commerces de centres villes.
Cela ne poserait pas de problèmes si la population était jeune et que le prix du transport était dérisoire. Or, il n'en est rien...
Sans un vrai projet de territoire, concerté, cohérent et de long terme, nous n'avons cure de ces pansements qui ne permettent pas de voir au delà que l'échéance de cette faveur fiscale... càd à 7 ans grand maximum.