Spectacle inédit qui sera présenté à Charleville-Mézières (08) le vendredi 30/09, à 20h30.
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LE CHANT GUERRIER D’UN CURÉ ATHÉE
Habituellement, je n’aime pas beaucoup les curés. Ou alors, il faut que, comme Dom Pérignon, ils se soient illustrés dans un autre domaine que celui de l’idéal ascétique… Avec Jean Meslier, la chose se complique, car ce curé athée, révolutionnaire, communaliste, anarchiste avant l’heure, proudhonien presque si l’on me passe l’anachronisme, anticlérical, internationaliste, matérialiste, hédoniste, partageux comme on disait dans le peuple de gauche du grand siècle socialiste, le XIXe, a fourni un matériel conceptuel impressionnant à tous ceux qui tiennent pour sublime la devise “Ni Dieu, ni Maître”.
“Le Testament du curé Meslier” tricote des longueurs et des éclairs magnifiques, des tunnels démonstratifs et des aphorismes intempestifs, d’infinis pliages de démonstrations et des fusées géniales, des répétitions et des pensées inédites. On n’y trouve ni néologisme, ni pensée obscure, ni démonstration emberlificotée : à le lire, on l’entend, on perçoit le rythme de sa colère, la vitesse de ses violences, la brutalité de sa suffocation morale. C’est un prêche enflammé, un monologue sans fin, une philippique incandescente, un discours fleuve. Meslier, pressé par le temps, craint la mort et veut se débarrasser de ce qui le taraude et le fait souffrir : curé athée, prêtre incroyant, pasteur mécréant, il vit dans sa chair cette contradiction comme une douleur, une plaie, un fléau.
Pourquoi ne pas quitter l’habit de curé? L’imprécateur qui met le feu au monde craint de peiner ses parents et veut vivre tranquille! Il sait aussi qu’apostat, le bûcher ne serait pas bien loin… Il écrit pour vivre, survivre…
Michel Onfray