Greenpeace Brésil se félicite de la décision de la Cour fédérale de rétablir le moratoire sur le soja, annulant ainsi la suspension décidée la semaine dernière par le Conseil administratif de défense économique (CADE).
En vigueur depuis 2006, le moratoire interdit l’achat de soja cultivé dans des zones déforestées de l’Amazonie. Lundi 25 août, le juge Adverci Rates Mendes de Abreu, du 20ᵉ tribunal fédéral de Brasilia, a accordé une injonction préliminaire à la demande de l’Association brésilienne de l’industrie des huiles végétales (Abiove), ce qui neutralise provisoirement la décision du CADE.
« Nous saluons cette décision qui apporte un certain répit face aux attaques répétées contre le moratoire sur le soja. Sa suspension aurait risqué de relancer la déforestation et d’envoyer un signal négatif à d’autres initiatives visant à mettre fin à la déforestation et à la conversion des écosystèmes. Tous les secteurs doivent faire davantage pour mettre fin à la déforestation et lutter contre la crise climatique, et non se contenter du strict minimum », a déclaré Cristiane Mazzetti, coordinatrice de la campagne Forêts de Greenpeace Brésil.
Cette décision reste toutefois provisoire, dans l’attente du jugement définitif du CADE sur l’appel d’Abiove.
« Il est crucial que le CADE évalue les conséquences qu’aurait la fin de cet accord sur les objectifs zéro déforestation, ainsi que les arguments techniques démontrant les bénéfices du moratoire depuis 2006, en matière de protection des forêts et de réduction des émissions. Nous espérons que le lobbying intensif de ceux qui veulent lever tout obstacle à une production prédatrice ne pèseront pas dans cette décision », a ajouté Mme Mazzetti.
Le juge a souligné que le moratoire est largement reconnu comme un instrument clé de protection des écosystèmes et de lutte contre le dérèglement climatique, et jugé sa suspension « disproportionnée et prématurée », car actée par un seul décisionnaire sans délibération collégiale ni prise en compte des éléments techniques.
Greenpeace Brésil a, à plusieurs reprises, alerté sur les pressions politiques des agro-industriels visant à démanteler le moratoire et à affaiblir les protections environnementales. Ces dernières années, des États comme le Mato Grosso, le Rondônia ou le Maranhão ont adopté des lois réduisant les avantages fiscaux accordés aux entreprises qui s’engagent volontairement à respecter des normes plus strictes. La situation s’est aggravée lorsque le CADE a ouvert une enquête pour déterminer si le moratoire relevait d’une pratique anticoncurrentielle, conduisant à sa suspension temporaire.
« Démanteler un accord multipartite aussi efficace, construit et renforcé depuis près de vingt ans, reviendrait à scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Sans moratoire, le soja redeviendrait l’un des principaux moteurs de la déforestation en Amazonie, rapprochant la forêt de son point de bascule et compromettant les services écosystémiques vitaux rendus par cet écosystème tels que sa contribution aux précipitations. Les agriculteurs eux-mêmes en seraient les premières victimes », a conclu Mme Mazzetti.