Extraits de l'article de Thomas Schnee pour Reporterre
La mine d’Asse II, site de stockage de déchets nucléaires à scandales en Allemagne, fait à nouveau parler d’elle. Du fait de la structure géologique de la mine, ses parois s’effondrent sur elles-mêmes et l’eau des nappes phréatiques et des fleuves souterrains a commencé à s’y infiltrer dès 1988. Depuis le début de l’année, les infiltrations se sont nettement intensifiées dans cette ancienne mine de sel située en Basse-Saxe. 12 m3 d’eau s’écoulent chaque jour à environ 25 mètres au-dessus de treize chambres creusées à plus de 600 mètres sous terre, selon l’Agence fédérale en charge des déchets nucléaires (BGE). Ces chambres abritent 126 000 fûts de déchets nucléaires de faible et moyenne radioactivité.
Le risque est double. La saumure — mélange de sel et d’eau — générée peut endommager les fûts et faire fuir leur contenu radioactif dans la nature. Cela s’est déjà produit : de 1988 à 2001, de nombreuses analyses de la saumure ont montré des concentrations de tritium supérieures aux valeurs autorisées (jusqu’à 75 fois trop élevées). Idem avec du cobalt 60 et du césium 137, des isotopes radioactifs dangereux.
L’eau peut aussi conduire à l’effondrement des parois de sel et tout bonnement empêcher la récupération prévue des déchets. « Je suis inquiet. Le désastre nucléaire d’Asse se poursuit. Les incidents montrent que la récupération des déchets radioactifs doit être accélérée », a jugé le ministre de l’Environnement de Basse-Saxe, Christian Meyer (Vert), à la télévision publique régionale NDR.
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Le 10 juillet dernier, la ministre fédérale de l’Environnement Steffi Lemke est venue s’enquérir elle-même de la gravité de la situation, comme en 2023. « Je suis là pour faire accélérer les choses et pour m’occuper de la manière dont nous devons évacuer les “cochonneries” qui ont été faites ici au siècle dernier », a-t-elle assuré, en promettant de tout faire pour clore l’évacuation d’ici à 2033.
Elle a cependant rappelé que cette opération était complexe et « n’a encore jamais été réalisée au monde ». « Nous devons soutenir le plafond et y pénétrer avec des appareils télécommandés. Nous avons aussi constaté, grâce à des caméras dans les chambres de stockage, que les fûts sont en grande partie endommagés. Nous devons développer des appareils capables de s’adapter à toutes les éventualités », a détaillé Jens Köhler, chef du projet pour la BGE, à la chaîne de télévision ZDF. Pour accueillir les déchets de la mine d’Asse, un centre intermédiaire de stockage doit encore être construit en surface. Et si les galeries s’effondrent avant, un plan B prévoit l’inondation du puits de la mine avec une eau saturée au chlorure de magnésium. Leur entreposage définitif, lui, n’a toujours pas été réglé.