Par Greenpeace le 04.05.2019.
Alors qu'Emmanuel Macron néglige toujours de prendre des décisions structurantes sur la question climatique au niveau national, la France, qui préside le G7 cette année, va devoir faire la démonstration de sa capacité à initier une dynamique internationale fructueuse. Premier rendez-vous sous forme de test : le G7 Environnement, qui se déroule ce dimanche 5 mai et lundi 6 mai à Metz.
Les ministres de l’Environnement du G7, accompagnés cette année par des ministres de l’Environnement de pays partenaires, se retrouvent pour une réunion préparatoire au sommet des chefs d’Etat qui se déroulera à Biarritz du 24 au 26 août 2019. Le G7 regroupe les pays parmi les plus puissants et les plus riches du monde (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni).
Ils ont tous une dette climatique particulière et la responsabilité de conduire le travail politique nécessaire pour respecter la trajectoire +1,5°C préconisée par les scientifiques du GIEC et entérinée par l’Accord de Paris. D’autant plus que la mobilisation des citoyennes et citoyens n’a jamais été autant importante à travers le monde pour demander aux dirigeants politiques de prendre les mesures drastiques qui s’imposent. Il est donc indispensable que ces Etats utilisent les espaces diplomatiques à leur disposition pour faire avancer l’agenda climatique.
Il est loin le #MakeOurPlanetGreatAgain
En tant que présidente du G7 cette année et dépositaire de l’Accord de Paris, la France a un rôle crucial à jouer. Hélas, le mandat d’Emmanuel Macron s’est pour le moment avéré très décevant.
-Une France aux abonnées absentes de la COP24 en décembre dernier
-Des objectifs climatiques à horizon 2020 qui ne seront pas remplis
-Un budget national qui comporte encore des subventions massives aux énergies fossiles
-Des projets industriels climaticides, comme la bioraffinerie de Total à la Mède, qui continuent de trouver du soutien du côté du gouvernement
-Des arbitrages constamment remportés par les lobbies des multinationales qui concourent à la destruction du climat et de la biodiversité…
Autant dire que la France d’Emmanuel Macron fait figure de République des pollueurs plus que de démocratie climatique. Quel leadership peut-elle assurer envers les autres pays invités à Metz ?
Un président sourd face aux enjeux
Et ce ne sont pas les annonces effectuées à la fin du Grand Débat qui doivent nous rassurer : quelques assemblées et comités Théodule de plus alors que les solutions sont connues de longue date, aucune mesure concrète ni structurante annoncée, aucune vision politique si ce n’est la même adoration obsolète pour le productivisme à tout prix… Pourtant, plus de 2 millions de personnes se sont mobilisées pour l’Affaire du Siècle, pendant la même période que le Grand Débat, pour demander des mesures d’urgence au gouvernement.
Pire, la “petite loi énergie” présentée en Conseil des ministres cette semaine se borne à repousser d’une dizaine d’année la transition énergétique, entretient le flou sur la fermeture d’ici à 2022 des centrales à charbon malgré les promesses répétées de François de Rugy, et vise abstraitement une neutralité carbone en 2050 alors que pour respecter la trajectoire 1,5°C, il faudrait l’atteindre avant 2040 pour un pays comme la France. Bref, une loi dilatoire parmi d’autres, conçue pour gagner du temps afin d’épargner les intérêts particuliers des pollueurs, alors que chaque jour compte.
La France doit donc se rattraper. Le climat a été défini comme la priorité du G7 cette année, avec les inégalités. Nous attendons qu’elle en assume les attendus lors de sa présidence. Elle devra manier les négociations de telle sorte à obtenir des engagements concrets et solides en 2019. Cela signifie par exemple ne pas s’en laisser compter par les Etats-Unis de Donald Trump, mais au contraire assumer le rapport de force, quitte à opter pour un format en G6 sur certains éléments.
Nos demandes
Les pays du G7 doivent :
-Réviser à la hausse leurs objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre (NDC) d’ici à 2020, afin de s’aligner sur le seuil de réchauffement à 1,5°C.
-S’engager à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles, qui représentent 100 milliards de dollars par an pour les pays du G7.
-Augmenter leur solidarité climatique envers les populations les plus pauvres en doublant leur promesse financière au Fonds vert pour le climat.
-Garantir que les politiques climatiques obéiront aux principes d’une transition juste, vecteur d’égalité sociale.
-Protéger et restaurer rapidement les écosystèmes dégradés que sont les forêts et les océans, en adoptant notamment des régulations contraignantes pour le secteur privé ainsi qu’un Traité qui garantisse la protection de 30% des zones de haute mer d’ici à 2030.
© Hugo Lecomte / Les Amis de la Terre / ANV-COP 21 / Greenpeace