Publié le 02.04.2019 par Amnesty International.
Un an après le début de cette marche à Gaza, des milliers de civils continuent de subir les terribles conséquences des tactiques d’Israël. Explications.
Cela fait un an que le mouvement de protestation est né. Ce mouvement demande à Israël de lever son blocus illégal de Gaza et de permettre aux réfugiés palestiniens de revenir sur les terres dont ils ont été déplacés il y a plus de 70 ans.
Plus de 6000 blessés par balle, 195 personnes tuées
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, au moins 195 Palestiniens ont été tués, dont 41 enfants, et 28 939 blessés par les forces armées israéliennes dans le contexte des manifestations entre le 30 mars 2018 et le 22 mars 2019.
À la fin de l’année 2018, plus de 6 000 Palestiniens de Gaza avaient été blessés par balle sur les lieux de manifestations et au moins 122 – dont 21 mineurs – avaient eu des membres amputés à la suite de ces blessures, selon un rapport publié en mars par la commission d’enquête des Nations unies créée pour examiner les violations commises dans ce contexte.
L’ampleur et la nature choquantes des blessures infligées par les forces israéliennes à des manifestants palestiniens à Gaza au cours de l’année passée laissent penser qu’Israël a mené une stratégie délibérée visant à mutiler des civils.
Parmi les personnes sur lesquelles les soldats israéliens ont tiré, beaucoup souffrent de blessures invalidantes dont elles garderont de graves séquelles physiques et psychologiques pendant les prochaines années.
A quand un embargo sur les armes ?
Ces terribles blessures et les tirs visant toujours des manifestants soulignent la nécessité urgente d’imposer un embargo mondial sur les armes à destination d’Israël.
Les conclusions du rapport de la commission d’enquête font écho à celles d’Amnesty International : de nombreux homicides de Palestiniens imputables aux forces israéliennes lors des manifestations constituent des violations du droit international humanitaire. La commission y indique avoir « trouvé des motifs raisonnables de croire que les forces de sécurité israéliennes ont tué et mutilé des manifestants palestiniens qui ne présentaient pas de menace imminente de mort ou de grave blessure pour autrui lorsqu’ils ont été la cible de tirs » – y compris des enfants, des secouristes, des journalistes et des personnes handicapées.
Le rapport précise que 80 % des 6 106 blessures causées par des tirs à balles réelles étaient localisées sur les jambes et que le nombre de personnes ayant perdu des membres à la suite de blessures a été plus élevé lors des manifestations de la « Grande marche du retour » qu’au cours du conflit de 2014 entre Israël et Gaza. Des médecins de Gaza nous ont confié que beaucoup de blessures graves qu’ils avaient constatées s’apparentaient à des blessures de guerre.
La politique des forces israéliennes consistant à employer la force meurtrière lors de manifestations et à déployer des armes conçues pour causer le maximum de dégâts contre des manifestants, des secouristes et des journalistes qui ne présentent pas de menace imminente pour la vie d’autrui est purement et simplement criminelle. Les autorités israéliennes ont montré à de multiples reprises leur indifférence à l’égard de la vie des habitants de Gaza.
Les États ont le devoir de faire respecter les Conventions de Genève en suspendant les transferts d’armes qui pourraient contribuer aux violations du droit international humanitaire par Israël.
Les gouvernements du monde entier – notamment ceux des États-Unis et des États membres de l’UE continuent pourtant de vendre des armes... mettant en danger des milliers de civils.