Communiqué de Greenpeace le 28.10.2016
Le gouvernement a publié ce matin sa feuille de route sur la politique énergétique pour les années à venir, qui était attendue depuis plus d’un an. Cette programmation pluriannuelle de l’énergie, la PPE, est incohérente et contraire aux objectifs de la loi de Transition énergétique. Ce texte n’indique en effet aucune trajectoire de réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique français et condamne ainsi tout développement massif des énergies renouvelables. Le gouvernement renonce donc à piloter la politique énergétique française et trahit ses engagements tant nationaux qu’internationaux sur la transition énergétique.
La PPE torpille la loi de transition énergétique
Le texte publié aujourd’hui, supposé traduire les objectifs de la loi de transition énergétique, dont celui de réduction de la part du nucléaire à 50% d’ici à 2025, ne mentionne quasiment pas l’atome. La PPE ne programme la fermeture que de deux réacteurs : ceux de la centrale de Fessenheim. Or, pour respecter la loi, la PPE devrait imposer la fermeture de 21 à 23 réacteurs d’ici à son échéance la plus lointaine en 2023.
Greenpeace avait alerté depuis plusieurs mois le gouvernement et le Président de la République sur la nécessité de réviser ce texte, pour ne pas tuer dans l’œuf l’objectif de réduction du nucléaire bel et bien inscrit dans la loi. Les parlementaires de la mission chargée du suivi de l’application de la loi ont eux aussi pointé du doigt ce texte qui « ne joue pas son rôle (…) programmatique » sur le dossier nucléaire.
Via la publication de ce texte, l’Etat et ses dirigeants se refusent à piloter la politique énergétique en France, face à la pression de l’industrie nucléaire, alors que cette dernière est dans une situation calamiteuse.
La porte ouverte à tous les dangers du nucléaire
L’industrie nucléaire est plongée, depuis fin 2014, dans un scandale d’anomalies et de falsifications sans précédents. La France se retrouve dans une situation devenue incontrôlable, les risques d’accident nucléaire étant accrus et la sécurité d’approvisionnement étant mise en péril. Pour le moment, 30 des 58 réacteurs du parc nucléaire français sont touchés par ces anomalies. D’autres pourraient être découvertes au fur et à mesure que l’ASN continue de mener son enquête.
Ces défauts techniques viennent s’ajouter à la faillite financière d’EDF et d’AREVA, qui n’ont plus les moyens d’investir pour renforcer la sûreté nucléaire.
L’Etat, avec la loi de transition énergétique et la PPE, disposait d’outils pour sortir la France de cette situation inextricable. En programmant la fermeture de réacteurs, la PPE aurait pu donner une direction claire et définitive aux producteurs et investisseurs dans le secteur de l’énergie en laissant enfin la place aux énergies renouvelables sur le réseau électrique.
La France trahit l’Accord de Paris
Au moment où la France se félicite de l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris, elle le trahit en renonçant à ses engagements pour la transition énergétique. Avec la PPE publiée aujourd’hui, la France, qui a déjà un retard considérable sur le développement des renouvelables, n’aura jamais la capacité d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés.
La France reste aujourd’hui engluée dans ses fausses solutions, nucléaire en tête, et renonce à mener la transition énergétique. Un signal inquiétant envoyé aux autres pays du globe.
Des milliers de personnes manifestent contre l’EPR de Flamanville le 1e octobre 2016
Commentaires
Une attitude totalement inconséquente de la part du gouvernement ! Faudra-t-il donc passer par une catastrophe nucléaire en France pour qu'enfin on ouvre les yeux ? C'est hélas à craindre...