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Irlande : l'avortement fait toujours d'elles des criminelles

Communiqué d'Amnesty International

Notre rapport, Ce n'est pas une criminelle. La loi sur l'avortement en Irlande et ses conséquences, relate des cas choquants dans lesquels les autorités irlandaises ont privé des femmes et des jeunes filles des soins médicaux dont elles avaient besoin pour donner la priorité à la vie du fœtus – qui est protégée par un amendement ajouté à la Constitution irlandaise en 1983. 

 

Impossible d'avorter, même en cas de viol, de malformation du fœtus.

L'Irlande est le seul pays européen – à l'exception de l'Andorre, de Malte et de Saint-Marin – à interdire l'avortement même en cas de viol, de malformation grave ou mortelle du fœtus ou de risque pour la santé de la femme, en violation du droit international. 

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Absence de soins médicaux

En vertu de la loi irlandaise, les médecins et les accompagnants à la grossesse n'ont même pas le droit de donner aux femmes des informations complètes sur l’intervention médicale dont elles ont besoin et sur la manière d'avorter en toute sécurité. Certains nous ont exprimé à  la frustration que génère chez eux la Loi irlandaise sur la réglementation des informations, dont l'organisation de défense des droits humains demande l'abrogation.

Un climat de peur

La législation draconienne de l'Irlande a créé un climat de peur, dans lequel les accompagnants risquent des amendes s'ils disent aux femmes comment obtenir des soins médicaux ; en conséquence, certaines femmes fuient purement et simplement les médecins.

L'Irlande ferme les yeux quand les femmes vont avorter à l'étranger, et ne se préoccupe pas des souffrances que cela engendre. Elle condamne les plus faibles, les plus pauvres et les plus vulnérables qui ne peuvent pas se rendre à l'étranger à devenir des criminelles parce qu'elles ont pris des décisions concernant leur propre corps, alors qu'il s'agit parfois d'une question de vie ou de mort.

Des Irlandaises témoignent.

Lupe, qui portait depuis 14 semaines un fœtus dont le cœur ne battait plus, nous a raconté à qu'elle avait dû retourner dans son pays, l'Espagne, pour y être soignée correctement :

Nous avons recueilli de nombreux témoignages de femmes qui ont subi des avortements à l'étranger, dont certaines ont fait une fausse couche mais ont été forcées de garder en elles un fœtus mort ou non viable pendant des semaines, dans l'espoir futile de recevoir l'intervention médicale dont elles avaient besoin en Irlande. 

Róisín a été contrainte de porter un fœtus mort pendant plusieurs semaines car les médecins voulaient être absolument sûrs que son cœur ne battait plus. Elle  nous a confié:

"Je serais assez peu encline à faire confiance aux services pour les femmes dans ce pays à l'heure actuelle. "

 Les femmes qui veulent avorter ne sont pas les seules à être privées de soins en raison de la priorité donnée à la vie du fœtus. Ainsi, le personnel médical a refusé de pratiquer une césarienne sur Rebecca H., qui était gravement malade, par crainte de faire du mal à son fœtus. Les soignants l'ont obligée à supporter 36 heures de travail en lui disant que leur rôle était de « s'occuper du bébé, la priorité, c'est le bébé ».

"Je craindrais pour ma vie si je devais avoir un autre enfant en Irlande. "

N'autorisant l'avortement que lorsque la vie de la mère est en danger, la loi irlandaise est l'une des plus restrictives au monde, et contraint chaque année au moins 4 000 femmes et jeunes filles à se rendre à l'étranger pour y subir une interruption de grossesse, avec un coût considérable sur le plan psychologique, financier et physique. Celles qui ne peuvent pas effectuer le voyage se retrouvent privées des soins nécessaires, ou risquent des sanctions pénales si elles avortent illégalement chez elles. 

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Celles qui ont besoin d'avorter sont traitées comme des criminelles, couvertes d'opprobre et contraintes de se rendre à l'étranger, ce qui a de lourdes conséquences sur leur santé mentale et physique. L'État irlandais ne peut plus ignorer cette réalité et les terribles conséquences qu'elle a chaque année sur des milliers de personnes.

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