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Le musée Guimet efface le mot Tibet

Pour nommer une salle et au sein de l’exposition «la Chine des Tang», le musée national des Arts asiatiques a choisi de remplacer le mot Tibet par «monde himalayen» et «Tubo». Un effacement qui fait fi de l’importance historique et culturelle du Tibet et constitue une violence pour les Tibétains. La FIDH, la LDH et International Campaign for Tibet (ICT) demandent le rétablissement du nom.

«Monde himalayen», «Tubo»… Le musée Guimet fait ce qu’il peut pour éviter d’employer un mot qui semble étrangement devenu tabou : «Tibet». Le Tibet, son empire, sa culture millénaire, son identité unique, évidemment distincte du monde chinois, et pourtant, son identité effacée du musée. La salle «Nepal-Tibet», rebaptisée «Monde himalayen» sans aucune cohérence historique ou culturelle se double d’une représentation inexacte du Tibet dans une exposition temporaire consacrée à la dynastie Tang.

Dans cette exposition, le musée a choisi d’utiliser l’appellation chinoise «Tubo» pour désigner le Tibet, une appellation utilisée uniquement dans la littérature en chinois. Une appellation qui efface l’importance de l’Empire tibétain qui rivalisait alors avec l’Empire Tang. Ce choix fait fi de l’importance historique et culturelle du Tibet, une nation indépendante à certaines époques et qui, parfois, a connu une forme de protectorat, mais qui a toujours maintenu une identité distincte. Une identité sans cesse attaquée et menacée par les politiques assimilationnistes de Pékin, qui est allé jusqu’à mettre en place un système de pensionnats : plus de 1 million d’enfants tibétains sont coupés de leur langue maternelle, de leur culture, de leurs familles. Une violation flagrante des droits humains, dénoncée par toutes les organisations internationales, mais aussi par des experts indépendants des Nations unies.

C’est dans ce contexte d’effacement culturel forcé d’un peuple, que s’inscrivent les initiatives du musée Guimet.

Manifestations des Tibétains chaque dimanche

En réponse à ces choix, les Tibétains et leurs sympathisants se réunissent chaque dimanche devant le musée pour dénoncer cet effacement du nom de leur pays. Ces manifestations, pacifiques mais déterminées, témoignent de la douleur et de la colère d’un peuple dont l’histoire est trop ignorée ou déformée. La lutte pour la liberté et la reconnaissance du Tibet dure depuis plus de quatre-vingts ans, sur les plans culturels, politiques et spirituels. Il concerne dorénavant le discours muséal utilisé. Le musée Guimet doit avoir conscience qu’il utilise le langage d’un Etat autoritaire dont la visée est de détruire l’identité d’un peuple.

Le musée Guimet doit commencer par revoir sa position et à rétablir l’usage du nom «Tibet» dans les salles et les expositions consacrées à ce pays comme sa mission de sauvegarde du patrimoine l’y engage. Le nom «Tibet» doit être de nouveau visible dans les salles et les expositions. Le musée doit rétablir le dialogue avec experts académiques. Alors que réduire cette culture à une simple extension géographique de l’Himalaya en l’appelant «Monde himalayen» est une violence et une insulte faite aux Tibétains, le musée doit se ressaisir, se montrer transparent sur d’éventuelles pressions chinoises et faire preuve d’indépendance. Si le musée est sous influence de la plus grande dictature du monde, le public a le droit de le savoir et les autorités françaises doivent agir.

Les musées jouent un rôle essentiel dans la préservation de la mémoire collective. Nous espérons que le musée Guimet saura remplir sa mission en offrant au public une vision complète et respectueuse de l’histoire du Tibet.

Signataires : Eléonore Morel, directrice générale, Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), Nathalie Tehio, présidente, LDH (Ligue des Droits de l’homme), Vincent Metten, directeur des Affaires européennes, International Campaign for Tibet (ICT).

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