Publié par FNE le 21 avril 2023
Le rapport du Comité d’Orientation des Infrastructures (COI), sorti fin février 2023, souligne l’importance de réinterroger les nouveaux projets routiers à l’aune des enjeux liés au réchauffement climatique et à la protection du vivant. Et pourtant, certains décideurs refusent d’écouter et persistent à artificialiser, détruire notre environnement et contribuer à la pollution de l’air en soutenant ces projets routiers, alors qu’il est encore temps de faire marche arrière.
Focus sur trois projets routiers inutiles, à rebours de l’objectif zéro artificialisation nette pour 2050 fixé dans la loi Climat et résilience de 2021.
Trois exemples à contresens
Midi-Pyrénées : l’A69 Toulouse-Castres
Depuis plus de dix ans, FNE et FNE Midi-Pyrénées se mobilisent contre cet aménagement routier. Au programme : 400 hectares de terres agricoles, de zones humides, de forêts condamnés, 130 agriculteurs et agricultrices menacées. L’objectif : gagner à peine 10 minutes sur le trajet, au prix exorbitant d’un péage de 17 € pour les usagères et usagers.
Face à ce projet vieux de 40 ans, les associations du mouvement ont tenté l’ensemble des recours possibles pour défendre la protection de l’environnement : réalisation de campagnes d’information auprès des citoyennes et citoyens, participation à l’enquête publique, demande auprès d’Elisabeth Borne d’un moratoire immédiat concernant le projet, déposition de recours juridiques…
Le 21 mars dernier, FNE Midi-Pyrénées a déposé une requête en référé liberté afin de dénoncer l’absence de respect du Code de l’environnement s’agissant de l’abattage d’alignements d’arbres. Le Conseil d’Etat ne l’entend pas de cette oreille : l’abattage, interrompu depuis fin mars, reprendra en septembre.
Bien qu’un arrêté de concession ait été signé en 2022, la mobilisation citoyenne se poursuit.
Normandie : le contournement de Rouen
Ce projet routier est une autoroute payante de 41.5 km permettant de relier l’A28 à l’A13, avec la construction de 8 viaducs et 9 échangeurs. Approuvé fin 2021 par Jean Castex, alors Premier ministre, ce projet menace 516 hectares d’espaces agricoles et forestiers et fait peser d’importants risques de pollution sur les points de captage qui alimentent 50% des Rouennaises et Rouennais en eau potable. L’objectif : déplacer plus de personnes et de marchandises par la route, alors qu’il est essentiel d’inverser la tendance et mettre les déplacements sur le rail.
Avec un coût estimé à 1 milliard d’euros, ce sont les citoyennes et citoyens qui vont devoir mettre la main à la poche. La Ville de Rouen et le département de l’Eure ne souhaitant pas contribuer à ce projet, c’est la région et le département de la Seine-Maritime qui ont augmenté leurs participations de 157 à 205 millions d’euros (Région) et de 22 à 40 millions d’euros (Département). L’Etat investira quant à lui 245 millions d’euros, alors même que le COI lui recommande de “revisiter le projet” du fait d’impacts environnementaux importants. Autant de financements qui pourraient être alloués au développement des transports publics et actifs pour la métropole de Rouen,
Pour une mise en service en 2031, la signature d’un contrat de concession est prévue en 2025. Ce projet est loin de faire l’unanimité parmi les élus et nos associations se mobilisent depuis des années pour y mettre en terme.
AuRA : l’autoroute Machilly-Thonon
En Haute-Savoie, un projet d’autoroute dans le Chablais, poussé par les élus locaux depuis plus de 30 ans, a été déclaré d’utilité publique en 2019. Le COI rappelle pourtant que «le projet reste l’objet de fortes contestations en France comme en Suisse» et que son «impact environnemental est très élevé, compte tenu d’une artificialisation forte, de nombreuses zones humides et de réservoirs de biodiversité affectés». Les équipes de FNE Haute-Savoie ont en effet démontré l’importance et la richesse des écosystèmes et de la biodiversité dans le secteur du tracé du projet d’autoroute Machilly-Thonon. Le projet est actuellement empêtré dans un imbroglio administratif et juridique, que les sénatrices et sénateurs locaux tentent de résoudre par un passage en force via une loi nationale, approuvée par le Sénat 31 janvier 2023. Elle doit encore être examinée par l’Assemblée nationale. Pour les opposant·es au projet, le développement des transports en commun est la solution à privilégier, comme le confirme le succès fulgurant du Léman Express, ce RER transfrontalier du Grand Genève mis en service en 2019.
Travaux de coupe d'un alignement d'arbres multicentenaires dans le cadre du projet de l'A69 Toulouse-Castres, le 22 mars 2023.
Commentaires
Un mouvement en devenir qui , au regard de l’urgence climatique, devrait tenir une place de premier plan dans nos sociétés face à un ultra capitalisme cynique,destructeur.
CE QUI REPOUSSE PARTOUT NE PEUT ETRE DISSOUT!
NOUS SOMMES LES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE !