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Seulement 1,5% des mers françaises sont réellement protégées

Du 22 au 24 octobre 2019 s'est tenu le 4ème Colloque national des Aires Marines Protégées, à Biarritz. Les enjeux sont très importants puisque la France possède le 2ème espace maritime au monde, dont 22,3% sont justement classés « Aires Marines Protégées ». Pourtant dans ces zones, au détriment des recommandations des scientifiques et malgré l’effondrement de la biodiversité marine, de nombreuses activités ayant un impact significatif sur les espèces et habitats continuent de se développer. Résultat, seulement 1,5% des mers françaises sont en réalité correctement protégées . Une sévère lacune pour France Nature Environnement, Oceana et le WWF France, qui demandent au gouvernement de véritables protections dans ces aires protégées et des moyens pour les mettre en œuvre.

Un océan fragile et en mauvais état face aux pressions humaines

Un rapport alarmant de la Commission Européenne fait le constat que 75% de la biodiversité marine européenne est en très mauvais état écologique. Le récent rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère dresse un état des lieux similaire : l’augmentation de la température de l’océan provoque la disparition des habitats marins, comme les coraux, une perte de production primaire et le déplacement des espèces. Quant à la surpêche, elle entraîne un effondrement des stocks de poissons comme le cabillaud avec 40% des poissons sauvages surexploités en Europe.

Face à ce constat, on ne peut que voir d’un bon œil le classement en « aires marines protégées » de plus de 20% de l’espace maritime français. Car dans ces zones protégées, la logique voudrait que les activités menaçant la biodiversité soient interdites. Et pourtant…

Des aires marines protégées uniquement sur le papier

Diverses activités sont autorisées dans les Aires Marines Protégées françaises, comme le transport maritime, l’extraction de sable, l’aquaculture, la nage commerciale avec les cétacés ou encore les mouillages. De nombreuses pêches y sont aussi pratiquées, dont certaines techniques comme le chalutage de fond et la pêche à la drague, entraînant la destruction des habitats marins ainsi que des captures de dauphins, tortues ou encore requins : des espèces en danger d’extinction, non ciblées par les pêcheurs.

Pire, la pêche continue d’être pratiquée en toute impunité dans certaines aires protégées de l’hexagone faisant partie du réseau « Natura 2000 » alors que les évaluations d’incidence obligatoires avant l’autorisation de chaque technique de pêche n’ont jamais été réalisées. Plus généralement, en Europe, le chalutage est exercé plus intensément dans les Aires Marines Protégées qu’en dehors de celles-ci!

En Outre-mer, où se trouvent 97% de l’espace maritime français et 87% de la biodiversité marine, la situation est encore plus catastrophique et les directives européennes de protection du milieu marin ne s’appliquent pas. Dans le Parc Naturel Marin de Mayotte, des bateaux de pêche géants capturent en une semaine l’équivalent de ce que pêchent les pêcheurs locaux en une année…

« La France a un sérieux retard sur la gestion de la pêche dans ses aires marines ‘protégées’, notamment par rapport à nos voisins européens plus volontaristes, comme l’Angleterre, qui ont adopté une interdiction générale pour les engins les plus destructeurs dans tous leurs sites marins » précise Nicolas Fournier, Responsable de plaidoyer à Oceana Europe.

Faisons cesser les activités délétères dans les zones protégées

Face à cette situation, France Nature Environnement, Oceana et le WWF France demandent au Président de la République une mesure de bon sens : l’interdiction des activités considérées unanimement par la communauté scientifique comme délétères dans ces espaces, comme le chalutage et la pêche à la drague, au profit de modes de pêche plus durables et respectueux de la ressource. Il est indispensable de garantir de véritables protections dans les Aires Marines Protégées, comme le classement en Arrêtés de protection de biotope ou en réserve naturelle.

Pour Elodie Martinie-Cousty, Pilote du Réseau Océans, Mers et Littoraux de France Nature Environnement, « ce renforcement de protection dans les aires marines protégées doit s’accompagner de moyens financiers suffisants pour la recherche scientifique, la gestion, la protection et la surveillance. L'Office français de la biodiversité doit porter une réelle politique maritime. Enfin, il est crucial de garantir une réelle inclusion des associations de protection de la nature et de l’environnement, aujourd’hui très minoritaires dans les instances de gestion des Aires Marines Protégées françaises ».

Si l’annonce du Président de la République en mai 2019 avait initié l’engagement du Conseil de défense écologique de porter l’ambition de 30% d’aires marines et terrestres protégées, dont un tiers d'aires protégées en pleine naturalité d’ici 2022, ces réflexions sur l’extension du réseau à 30% d’ici 2030, comme l’appelle la communauté internationale, doivent se poursuivre.

Pour Ludovic Frère Escoffier, Responsable du Programme Vie des Océans du WWF France, « la France doit enfin protéger de façon forte les façades métropolitaines et les Outre-mers sans se limiter aux seules extensions de réserves dans les Terres australes et antarctiques françaises. Sans moyens financiers et humains conséquents dédiés à cette protection, cette politique de protection du deuxième domaine marin mondial continuera d’être une politique de papier ».

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