Tribune signée par 200 ONG, voir la liste sur le site d'Amnesty International
Le 19 mars, la commission Justice et droits humains du parlement polonais a donné son aval à un projet de loi qui rendrait dans la pratique l’avortement quasi-interdit en Pologne. 200 ONG se mobilisent partout dans le monde.
Nous sommes scandalisé.e.s par les tentatives incessantes pour faire reculer les droits reproductifs des femmes en Pologne.
Cette semaine, le Parlement Polonais débat d’un nouveau projet de loi intitulé «Stop à l'avortement». S'il est adopté, ce projet de loi limitera encore davantage les motifs déjà très restreints qui permettent aux femmes d’accéder légalement à l'avortement en Pologne. Il mettra en danger la santé et la vie des femmes et violera les obligations internationales de la Pologne en matière de droits humains.
Nous appelons les membres du Parlement polonais à écouter les voix des femmes qui s’élèvent dans toute la Pologne et à rejeter cette proposition législative régressive, pour protéger la santé des femmes et les droits humains.
La loi Polonaise est déjà l’une des plus restrictives en Europe sur l'avortement. L'avortement n’est légal que dans trois cas : s’il y a danger pour la vie ou la santé des femmes, dans des situations de malformation fœtale grave ou lorsque la grossesse résulte d'un viol ou d'un inceste. Cependant, même dans les situations où l'avortement est légal, les femmes doivent faire face en pratique à de multiples obstacles. La dernière proposition de loi «Stop à l’avortement» vise à interdire l'avortement en cas de grave anomalie fœtale.
Si ce projet de loi est adopté, cela signifiera que les soins liés à l’avortement ne seront plus accessibles aux femmes polonaises lorsqu'une anomalie fœtale grave ou mortelle sera diagnostiquée. Les statistiques officielles de 2016 montrent qu'en pratique, 96% des avortements légaux en Pologne sont pratiqués pour ces motifs.
La plupart des femmes qui décident de mettre fin à une grossesse à la suite d'un viol ou parce que leur santé est menacée n'ont de fait pas accès à l'avortement légal en Pologne et doivent aller à l'étranger pour le faire. Ce projet de loi constituera une entrave supplémentaire pour les femmes, notamment celles qui ont des faibles revenus et celles vivant en milieu rural, pour accéder à des services d'avortement sans risque.
Depuis 2011, le gouvernement polonais a lancé des attaques répétées contre les droits reproductifs des femmes.
En 2011, 2013, 2015 et 2016, des propositions législatives ont été introduites pour limiter ou interdire quasiment l'avortement. À la suite de manifestations publiques massives, telles que les « black protests » en 2016, largement relayées et soutenues par des mouvements massifs dans plusieurs pays d’Europe, ces projets de loi ont été rejetés.
Interdire aux femmes l’accès à un avortement sûr et légal est contraire à plusieurs droits humains consacrés par le droit international, notamment le droit à la vie, l’accès à la santé et aux soins, à la non-discrimination et à l'égalité, à la protection de la vie privée et à la liberté de s’opposer à des traitements cruels, inhumains ou dégradants.
De nombreux organes internationaux des droits humains, notamment le Comité des droits de l'homme des Nations Unies, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le Comité pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDEF) et le Comité contre la torture ont exhorté les gouvernements à lever les obstacles aux services d'avortement et à assurer l'accès à un avortement sûr et légal.
Non à l'interdiction de l'avortement en Pologne
Interpellez le président et les parlementaires polonais