Après chaque guerre la nation unie célèbre ses héros et communie dans un même élan.
C'est du moins l'impression que souhaite donner le plus souvent les dirigeants d'un pays qui sort de guerre et qui a besoin d'un large soutien pour reconstruire le pays.
On peut ce pendant noter que pour les derniers conflits sur notre territoire, les choses n'ont pas été aussi simples.
La guerre de 1914-1918 a connu des mutineries de régiments ou des refus de combat de la part de soldats qui étaient considérés comme de la chair à canon par leurs officiers. Ces faits ont été longtemps occultés et encore aujourd'hui certains se battent pour faire justice à ces victimes de commandements aveugles et incompétents. Les noms des fusillés pour l'exemple ne sont pas gravés sur les monuments aux morts des communes : leur guerre ne rentre pas dans l'image voulue.
Pendant la deuxième guerre mondiale, une partie importante de la résistance était inspirée par l'idéal communiste. On peut ne pas partager leur point de vue et dénoncer certains de leurs actes, mais il est certain qu'ils se battaient non seulement contre le nazisme mais aussi pour une société nouvelle à laquelle ils croyaient. Après la guerre, les milices favorables au parti communiste ont rapidement été dissoutes, et les frères de combat se sont trouvés dans des camps opposés lors de la guerre froide qui suit la capitulation de l'Allemagne nazi.
La guerre d'Algérie a vu partir de l'autre côté de la Méditerranée des dizaines de milliers d'appelés. Ils y allaient le plus souvent par devoir, rarement par conviction. Ils n'avaient pas de points communs avec les généraux putschistes et les troupes qui les ont suivis dans leur rébellion contre le gouvernement légal du pays. Ils n'avaient pas non plus beaucoup d'affinité avec les plus extrémistes des "pieds-noirs" regroupés dans l'OAS.
L'illusion d'une nation unie dans le combat ne résiste pas à l'étude des faits. Et quand 50 ans après la fin d'une guerre, des anciens combattants se déchirent encore, il ne faut pas être tellement surpris. Il peut paraître secondaire de créer une polémique sur la date de l'hommage aux morts d'Algérie. Le gouvernement a choisi ce 19 mars date du cessez le feu qui suit les accords d'Evian. A cette date, le mot même de guerre n'était pas employé, puisqu'on affirmait que"l'Algérie, c'est la France". Et certain n'ont jamais admis cet accord et le départ des Français d'Algérie.
Ce jour, la majorité des anciens d'Algérie a boycotté les cérémonies organisées devant les monuments aux morts. Dans certaines villes, le Front National a même manifesté lors de l'hommage national.
A Vouziers, aucun porte drapeau des organisations patriotiques n'était présent et c'est le Maire qui a ranimé la flamme du souvenir. A côté des officiels, seuls quelques Vouzinois étaient là devant le monument aux morts.
Voici des photos qui rendent compte de cette cérémonie un peu particulière.
Les personnalités et les Vouzinois présents ce jour
Le Maire ravive la flamme du souvenir
Le Sous-préfet lit le message officiel
Les officiels félicitent le porte-drapeau
Commentaires
Faut-il oublier les victimes de cette guerre coloniale?
Que ce soit le 5 décembre ou le 19 mars, une cérémonie est un moment particulier pour rendre hommage aux victimes de la guerre d'Algérie. Je pense en particulier aux jeunes du contingent qui furent envoyés au combat souvent contre leur volonté. Aujourd'hui en niant le choix républicain qui a été fait pour les honorer, beaucoup d'associations patriotiques ont oublié ces victimes, toutes,celles qui sont mortes avant ou après le 19 mars. Certes les associations patriotiques peuvent avoir une opinion sur la date de la commémoration, c'est leur droit tout comme elles ont le droit de ne pas assister à une célébration officielle! Mais, elles doivent avoir conscience, qu'elles ouvrent, par l'exemple qu'elles donnent, le droit à toutes les contestations et que les célébrations qui devraient servir une mémoire apaisée, partagée peuvent se transformer en moments de polémique au détriment du souvenir du aux victimes.Heureusement, dans la grande majorité des communes françaises, le respect des règles républicaines a permis le déroulement serein de cet hommage national aux victimes de la guerre d'Algérie.
Dire la vérité et préparer l'avenir.
Pour la première fois, les commémorations du Souvenir et de recueillement des victimes civiles et militaires tombées pendant la guerre d' Algérie, ont eu lieu partout en France un 19 mars. Elles correspondent à la date anniversaire de la promulgation des "Accords d' EVIAN" du 19 mars 1962.
Parmi ces "Accords", un véritable traité de paix était signé par les plénipotentiaires des deux camps.
La paix s'est installée seulement fin juillet 1962. De nombreux morts sont à déplorer tombés entre ces deux dates. Ils ne sont pas oubliés lors des cérémonies.
Le 19 mars, jour de paix, a été retenu par le Parlement, puis par le Gouvernement et promulgué par le Président de la République.
Ce jour 'Souvenir" n'appartient pas qu'aux anciens combattants. Il appartient aussi aux familles des victimes et, au delà, à toute la France.
Commémorer ces événements le 5 décembre est une erreur car cela ne correspond à rien et cela divise les Français. Cette date du 5 décembre devra être immédiatement abrogée.
De manière générale, les célébrations devant les Monuments aux Morts devraient être empreintes non seulement de souvenirs et d'honneur à nos morts, mais aussi de créativité pour le rapprochement de nos deux peuples. L'avenir de notre jeunesse en sera humainement bénéficiaire.
Daniel