Le thon rouge semble introuvable en Méditerranée : bonne ou mauvaise nouvelle?
Le fait de ne pas repérer ce poisson peut être lié à deux causes : raréfaction extrême de l'espèce ou changement de ses habitudes de reproduction.
Greenpeace qui suit de près l'évolution du thon rouge donne son avis :
Avec une taille pouvant dépasser les trois mètres, le thon rouge fait figure de géant des océans. Aussi grand qu’une petite voiture de sport, ses capacités d’accélération sont supérieures à celles des bolides. Sa morphologie hydrodynamique approche la perfection, si bien que certains chercheurs tentent de s’en inspirer pour concevoir des torpilles et des sous-marins. En réalité, seuls les orques et les grands requins représentent une menace pour le thon rouge, qui règne pratiquement en maître sur les océans et peut vivre jusqu’à 30 ans.
Tous les acteurs présents, mais pas de pêche possible !
Le Rainbow Warrior, le navire amiral de Greenpeace, n’a pas démissionné : il est en Méditerranée depuis l’ouverture de la saison de pêche. Les bateaux de pêche sont là eux aussi, avec leurs remorqueurs et leurs cages, tout comme les navires militaires de contrôle. En revanche, les thons rouges brillent par leur absence…
Il se peut que les thonidés s’en soient allés vers des eaux plus chaudes, qu’ils aient pris un peu de retard à cause d’une température de l’eau trop froide, ou que nous ne regardions pas au bon endroit. Ou alors, le pire des scénarios est peut-être en train de se réaliser : les thons rouges ont disparu.
Cela fait des années que Greenpeace et les associations de protection de l’environnement tirent le signal d’alarme. On a beau nous accuser de jouer les Cassandre, le bon sens veut que si l’on continue de traquer une espèce menacée d’extinction, au bout d’un moment, elle cesse d’exister.
Mais la patience est le maître mot des militants embarqués à bord du Rainbow Warrior. « Dépêchez-vous et attendez » est devenu la devise officielle de nombreuses actions menées par Greenpeace. Ce qui est sûr, c’est que les pêcheurs sont prêts, et le temps joue contre eux : la saison de pêche se termine le 15 juin. Ces dernières années, la saison de pêche a été considérablement écourtée : trop de bateaux, trop peu de ressources halieutiques. Espérons que quelqu’un a tuyauté les thons rouges pour qu’ils n’arrivent pas en Méditerranée avant le 16 juin !
Auparavant, les thoniers pouvaient pêcher 11 mois sur 12, contre un seul aujourd’hui… Malheureusement, ces mesures s’avèrent insuffisantes pour permettre une reconstitution des stocks. Si l’on veut vraiment mettre un terme au déclin des populations de thonidés, il faudrait s’assurer qu’ils puissent se reproduire dans des conditions optimales, et à cet effet, commencer par protéger les zones où ils se reproduisent.
La solution : des réserves marines
Le thon rouge est un poisson migratoire qui, par conséquent, peut difficilement se reproduire en captivité. Il faut donc préserver les espaces dans lesquels ils évoluent naturellement, notamment les mers entourant les îles Baléares. Si, pour la plupart d’entre nous, ces îles riment avec soleil et vacances, elles sont synonymes de survie pour le thon rouge qui vient s’y reproduire.
Ainsi, pour protéger le thon rouge, il faut protéger les Baléares (et le sud de la Sicile, et le Golfe du Mexique, pour commencer !), et empêcher les thoniers senneurs de capturer une espèce en danger qui vient justement dans ces eaux pour se reproduire. La science est formelle, la logique implacable. Le raisonnement n’est pas difficile à comprendre, que vous vouliez sauvez le thon rouge en tant qu’espèce ou préserver le futur de la pêche.
Entre autres mesures, il faudrait notamment créer des réserves marines dans les zones de reproduction du thon rouge en Méditerranée. Depuis des années, Greenpeace et d’autres ONG réclament l’établissement d’un sanctuaire pour le thon rouge dans les eaux des Baléares. Toutefois, le gouvernement espagnol, qui n’a jamais été le meilleur ami du thon rouge, s’oppose à cette mesure.
En bref, nous nageons dans un océan de scandales. Pourquoi les thoniers-senneurs ont-ils le droit de guetter et d’épingler une espèce en voie de disparition qui vient en Méditerranée pour se reproduire ? Pourquoi nos gouvernements défendent-ils les intérêts des pêcheurs, et non ceux du thon rouge ? Il semblerait que le thon rouge soit devenu le symbole d’une gestion catastrophique de la pêche et des ressources naturelles.
Commentaires
La France doit se calquer sur la position de l'Italie, qui a imposé un moratoire à ses thoniers senneurs et les indemnisera pour qu'ils restent à quai. Greenpeace demande un moratoire immédiat sur la pêche au thon rouge et la création de réserves marines, notamment sur la zone des Baléares où cette espèce se reproduit. Ainsi, le stock pourra se reconstituer et l’espèce pourra survivre.