Après la catastrophe de Fukushima, un rejet massif du nucléaire s'est manifesté au Japon.
Cette réaction semble tout à fait compréhensible, car le risque de tremblement de terre est important
sur tout l'archipel. Et les contrôles de sécurité effectués par les exploitants des centrales ou les agences gouvernementales ne sont plus crédibles depuis les rapports publiés sur Fukushima.
Les Japonais sont en train de passer d'un rejet instinctif (question de survie) à une argumentation raisonnée anti-nucléaire.
Des manifestations se multiplient contre le redémarrage de certaines centrales, des associations et des partis politiques se positionnent contre le nucléaire, et demandent une autre politique pour l'avenir.
Voici un extrait d'un article du Tokyo Shimbun repris par le Courrier International :
Le Japon doit devenir une économie verte
La prospérité économique ne repose pas sur la production nucléaire, mais sur la durabilité. Une puissance technologique comme le Japon doit prendre la tête du secteur de l'économie verte. Pour ce faire, nous devons fixer à quarante ans la durée maximale de vie d'un réacteur et profiter de ce délai pour perfectionner les techniques d'exploitation des énergies renouvelables. Pendant cette période de transition, on pourra recourir à l'énergie hydraulique et thermique, construire dans tout le pays de petites centrales électriques faisant appel à des technologies comme le charbon propre (la clean coal technology, qui produit très peu de polluants et de gaz à effet de serre).
Le Japon doit également utiliser la chaleur de récupération, développer ses techniques de stockage de l'électricité et exploiter davantage des ressources comme la biomasse et la géothermie, dont il dispose en abondance. L'avenir de l'économie japonaise repose sur les technologies d'économie d'énergie, qu'il n'a cessé de développer. Les Japonais commencent à avoir une bonne compréhension des problèmes qui se posent dans les régions où sont implantées les centrales nucléaires. Nous devons soutenir ceux qui vivent près du danger, car une vie qui repose sur l'argent du nucléaire ne peut pas tenir. Il est important, pour les uns comme pour les autres, de revoir notre schéma de dépendance vis-à-vis de l'électricité et de procéder à une refonte radicale du système.
Les réacteurs n° 3 et n° 4 de la centrale d'Ohi vont être remis en service, et nous craignons qu'à cela ne succède le redémarrage d'une série de centrales comme celle d'Ikata, à Shikoku, ou de Tomari, à Hokkaido. Car c'est l'ensemble du Japon, pas seulement les régions où se trouvent les centrales, qui revendique plus de sécurité et de tranquillité.
Il nous faut comprendre Fukushima, et aller au-delà des leçons que nous pouvons en tirer. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons enfin panser les blessures de Fukushima. Au-delà du pour ou contre le nucléaire, nous allons bâtir un Japon nouveau et durable.


L'enregistrement de tels niveaux de radiations, dix fois supérieurs à ceux relevés dans les deux autres réacteurs, 2 et 3, très endommagés aussi, s'expliquerait selon Tepco par le fait que le combustible qui a fondu dans le réacteur N° 1 est plus abîmé que dans les autres unités du site.
Le pays avait déjà payé un très lourd tribut au nucléaire, suite au bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki. Malgré le sentiment de rejet ressenti par la population pour tout ce qui touche au nucléaire, de nombreuses centrales ont été installées dans le pays. 54 centrales ont été construites et elles représentaient 28 % des besoins en énergie du pays. Après la catastrophe de Fukushima, elles n'ont pas redémarré après les arrêts techniques de maintenance. : les populations et les élus locaux s'y sont opposé. Le gouvernement veut rouvrir deux centrales pour assurer le fonctionnement de la climatisation dans les mois d'été. Il se veut rassurant sur la sécurité, mais sa parole et celle des compagnies d'électricité ne sont plus crédibles.
Une industrie qui fonctionne sans assurance