Communiqué d'Amnesty International le 08.04.2025
Si le nombre global d’exécutions reste à la hausse en 2024, notre rapport annuel sur la peine de mort fait état d’avancées concrètes vers l’abolition pour laquelle nous nous battons depuis plus de 50 ans. Le pouvoir de la mobilisation a fait bouger les lignes.
Un monde libéré de la peine capitale ? C’est possible, on s'en rapproche. En 2024, malgré une augmentation notable du nombre d’exécutions (au moins 1 518 personnes exécutées, soit une hausse de près de 32 % en un an), seuls 15 pays ont procédé à des exécutions. C’est le chiffre le plus bas jamais enregistré pour la deuxième année consécutive. Les États qui maintiennent la peine de mort ne sont plus qu’une minorité isolée.
Les faits marquants de 2024 en faveur de l’abolition
1️⃣ Le Zimbabwe renonce à la peine de mort
A la toute fin de l’année 2024, le Zimbabwe, a promulgué une loi abolissant la peine capitale pour les crimes de droits communs. Le pays doit encore supprimer une clause lui permettant d’appliquer la peine de mort pendant les périodes d’état d’urgence pour rejoindre les rangs des États qui ont totalement renoncé à la peine de mort.
À ce jour, 113 pays ont aboli totalement la peine capitale et 145 l’ont fait en droit ou dans la pratique. Depuis 2007, ce sont 23 États de plus qui ont fait le choix d’abolir la peine capitale pour tous les crimes.
2️⃣Un vote historique à l’ONU
Le 17 décembre 2024, l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) a adopté la 10e résolution pour un moratoire sur l’application de la peine de mort. Sur l’ensemble des 193 États membres des Nations Unies, plus des deux tiers de l’assemblée ont voté en faveur de cette résolution. Leur nombre est ainsi passé de 104 en 2007 à 130 cette année. Pour la première fois, Antigua-et-Barbuda, le Kenya, le Maroc et la Zambie ont voté en faveur de l’appel au moratoire.
Ce vote est un tournant majeur pour les pays du monde entier. Il illustre un basculement progressif des États membres de l’ONU vers un rejet du recours à la peine de mort comme châtiment légal.
Lorsque des personnes donnent la priorité à la mobilisation pour l’abolition de la peine de mort, cela fonctionne vraiment. En dépit de la minorité de dirigeant·e·s déterminés à instrumentaliser la peine capitale, le vent est en train de tourner. Ce n’est qu’une question de temps avant que le monde soit libéré de l’ombre des potences.
Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnesty International
3️⃣ Des signes positifs dans toutes les régions du monde
Le pouvoir de la mobilisation
Donner priorité à la lutte pour l’abolition de la peine de mort, c’est assurer des avancées concrètes. Depuis près de 50 ans, nous nous battons pour libérer le monde de la peine capitale. Notre combat a permis à deux cas emblématiques de sortir des couloirs de la mort en 2024.
Ce que nous demandons
La peine de mort et la torture sont la négation absolue des droits humains. Aucun être humain ne doit y être soumis. Nous exigeons l’abolition universelle de ces pratiques et nous nous battons pour que:
Les pays qui utilisent encore la peine de mort adoptent des moratoires et cessent toute exécution
Les pays qui ont déjà pris des moratoires modifient leur législation pour abolir la peine de mort.
Toutes les peines capitales déjà prononcées soient commuées en peines d'emprisonnement
Les gouvernements condamnent sans réserve le recours à la torture, que les actes de torture fassent systématiquement l'objet d'une d'enquête et que les auteurs présumés soient poursuivis en justice
Les États préviennent les actes de torture en formant leurs fonctionnaires, et en prenant des mesures pour éviter que ces actes ne soient commis (lors d’arrestations, en garde à vue ou en détention)