Extraits de l'article de Rémi-Kenzo Pagès pour Reporterre, publié le 22.08.2024
« Je ne suis pas surprise, mais j’espérais que le tribunal serait plus fort. » Tran To Nga avait prévenu : son combat ne s’arrête pas là. Elle ira jusqu’à la Cour de cassation. Le 22 août, la cour d’appel de Paris a en effet rejeté la demande de la Franco-Vietnamienne de revenir sur la décision du tribunal d’Évry, qui s’était déclaré en 2021 incompétent à juger l’affaire. Une décision que conteste l’ancienne journaliste, qui va se pourvoir en cassation pour faire condamner quatorze multinationales, dont Dow Chemical et Bayer-Monsanto, productrices de l’agent orange durant la guerre du Vietnam.
Entre 1961 et 1971, le défoliant, répandu par l’armée des États-Unis, a attaqué toutes les formes de vie présentes au Laos, au Vietnam et au Cambodge. Près de 80 millions de litres ont été utilisés pour empêcher les résistants vietnamiens de se cacher dans la forêt. C’est là où Tran To Nga, qui couvrait la guerre, a été touchée par le produit. 2,1 à 4,8 millions de personnes ont été directement atteintes par la dioxine de l’agent orange, selon une étude. 3 millions de personnes seraient aujourd’hui concernées, selon l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine (Vava).
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« Je dois me préparer pour encore des années de sacrifices », répète Tran To Nga. La retraitée de 82 ans compte dédier ses derniers jours aux victimes de l’agent orange. En parallèle de son combat judiciaire, elle récolte avec son comité de soutien des fonds pour aider les Vietnamiens atteints par la dioxine de l’agent orange. Depuis 2023, elle a pu leur financer l’achat de plus de 200 fauteuils roulants, la construction de maisons ou des formations professionnelles. « Au début, j’étais seule, personne ne me connaissait. Aujourd’hui, les victimes comptent sur moi, je n’ai pas le droit de décevoir. »