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Un droit de passage pour les houthistes sur la mer Rouge ?

Article du "Monde diplomatique", publié le 19.01.2024

Cest une conséquence directe de la guerre à Gaza. Depuis le mois de novembre, les houthistes, faction armée qui contrôle près du tiers du territoire yéménite et en rébellion contre l’ancien président Abd Rabbo Mansour Hadi, sont déterminés à perturber le commerce maritime transitant par la mer Rouge. Mardi 16 janvier, un vraquier grec a été touché par un missile tandis qu’un cargo américain essuyait des tirs à l’arme lourde. Officiellement, ces rebelles exigent la fin de l’offensive israélienne sur l’enclave palestinienne. Dénonçant une entrave à la libre-circulation des marchandises, Washington et Londres ont répliqué avec des bombardements aériens du 11 au 13 janvier contre des positions houthistes autour de la ville portuaire de Hodeïda. Le 14 janvier, la marine américaine annonçait aussi avoir abattu un missile de croisière ciblant l’un de ses navires de guerre.

Au-delà de la solidarité avec Gaza, l’objectif des houthistes est avant tout stratégique. Durant la guerre qui les a opposés à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (plus de 380 000 victimes directes et indirectes), ils ont non seulement fait face à leurs ennemis mais ont réussi à mener, comme ce fut le cas en mars 2022, des attaques spectaculaires contre des cibles saoudiennes dont une installation pétrolière. Cette résistance inattendue a eu pour conséquence de forcer Riyad à négocier, permettant aux rebelles yéménites d’accéder au statut d’acteur régional influent.

Il est vraisemblable que Téhéran les encourage à agir dans le but de faire pression sur les Américains et les Européens pour obtenir un cessez-le feu à Gaza. Mais il est aussi évident que les houthistes ont leur propre agenda. En perturbant le trafic à Bab Al-Mendeb, le détroit reliant l’océan Indien à la mer Rouge, ils signifient aux Occidentaux qu’il faudra compter avec eux, y compris lorsque les armes se seront tues au Proche-Orient. Ils considèrent qu’un droit de passage leur est dû sur cette autoroute maritime très fréquentée — 12 % du commerce mondial —, fût-ce au mépris du droit international. Washington et Londres l’entendront-ils ainsi ?

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