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Grippe aviaire : conséquences dramatiques pour les fous de Bassan

Communiqué de la LPO le 30.09.2022

L’épisode actuel d'influenza aviaire est dû à un virus H5N1 hautement pathogène, très contagieux et incurable chez les oiseaux. Si l’origine de ce virus remonte à 1996 dans un élevage d’oies en Chine, une souche a muté pour devenir encore plus transmissible au cours de l’année dernière et frappe tout particulièrement les oiseaux de mer. L’épidémie de grippe aviaire s’est intensifiée au printemps 2022 : elle opère aujourd’hui à l'échelle mondiale sur plus d'une dizaine d'espèces d’oiseaux marins.

Sur la réserve naturelle nationale des Sept-Îles, gérée par la LPO depuis 1912, des cas sont apparus début juillet 2022 au sein de la colonie de fous de Bassan de l’île Rouzic, un site unique en France. Avec 1,80 mètre d’envergure, le Fou de Bassan est le plus grand oiseau marin d’Europe. Depuis son implantation sur Rouzic dans les années 1930, la colonie n’avait cessé de croître jusqu’à 2010, avant de stagner en raison de multiples pressions (baisse des ressources en maquereaux, noyade dans les engins de pêche le long des routes migratoires, changement climatique…). En 2021, elle comptait 19.000 couples reproducteurs.

Requiem pour un Fou

L’épidémie a désormais sévi lourdement avec un taux d’échec de la reproduction estimé à plus de 90% pour la saison 2022. En à peine quelques semaines, la population dense s’est clairsemée sur les falaises pour laisser place à un macabre champ de cadavres en décomposition, tandis que de très nombreux individus disparaissaient en mer ou étaient, et sont encore, retrouvés morts sur le littoral.

Des incertitudes demeurent en outre sur les effets sur d’autres espèces patrimoniales qui nichent plus tardivement : Fulmar boréal, Puffin des anglais, Océanite tempête. Les suivis engagés sur le long terme, notamment en lien avec le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) du CNRS, et les comptages qui seront effectués à partir de 2023, permettront de chiffrer plus précisément les conséquences sur le nombre d’oiseaux reproducteurs. Il est malheureusement à craindre que l’impact sur les effectifs sera dramatique et que des décennies d’efforts de conservation soient anéantis par cette épidémie inédite et brutale.

Notre investissement collectif doit maintenant s’orienter vers la recherche scientifique, permettant de mieux appréhender ces crises sanitaires qui menacent aujourd’hui le vivant. Ce triste épisode illustre l’impact sur la faune sauvage des pratiques d’élevage industrielle à l’échelle mondiale et l’urgence de revoir nos modes de production alimentaire afin de favoriser les circuits courts en encourageant notamment l’installation d’élevages de taille réduite tout en limitant les flux internationaux de productions animales. 

Que dois-je faire si je trouve un oiseau mort ou malade ?

Dans tous les cas, ne touchez pas les oiseaux et contactez un agent de l'Office Français de la Biodiversité de votre département qui vous indiquera la marche à suivre. Dans ce contexte et faute d’infrastructures de quarantaine, la LPO n’est malheureusement plus en mesure d’accueillir certaines espèces d’oiseaux particulièrement touchées par le virus (fous de Bassan, goélands et mouettes) sur tous les départements des façades littorales Manche et Atlantique, que ce soit dans nos centres de sauvegarde de la faune sauvage ou dans les différents points de collecte.

Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202022-09-30%20a%CC%80%2016.15.24.pngImpact de la grippe aviaire sur la colonie de fous de Bassan sur l'île Rouzic © Armel Deniau

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