Communiqué d'Amnesty International
Le bidonville situé entre Saint Denis et Pierrefitte sera expulsé jeudi 8 décembre à la demande du maire de Pierrefitte. Plus de 600 personnes, dont près de 150 enfants, sont installées sur ce terrain.
Tous les occupants se sont installés après avoir été expulsés d'autres bidonvilles à Saint-Ouen, Saint Denis et Goussainville.
Aucune proposition de relogement adaptée et durable n'a été faite aux occupants contrairement à ce que prévoit le droit européen et international selon lequel personne ne doit se retrouver sans abri suite à une expulsion. Toute personne doit en être informée en amont et consultée sur les solutions de relogement possibles.
La terrible histoire d'Alisa
Une grande partie des personnes sur le point d'être expulsées vivent en France depuis plusieurs années comme Alisa, 20 ans, arrivée à l'âge de 3 ans.
Alisa a fait toute sa scolarité à Saint Denis puis elle a suivi une formation professionnelle dans le domaine de la mode. Elle vit dans le bidonville avec sa famille après avoir subi d’autres expulsions.
Elle a perdu tous ses biens (vêtements, papiers, meubles) lors d'un incendie qui s'est déclaré sur le terrain dans la nuit du jeudi 1er au vendredi 2 décembre. Son petit garçon de 4 mois a été légèrement blessé ainsi que plusieurs autres personnes.
Une énième expulsion
Cette nouvelle expulsion qui risque de mettre à la rue plus de 600 personnes dont 150 enfants révèle combien les autorités françaises ont totalement déserté le terrain du droit européen et international qui interdit les expulsions forcées.
Aujourd'hui la question du respect des droits des personnes Roms, citoyens européens, repose sur une circulaire sans valeur contraignante et sur le bon vouloir des autorités locales, une situation insatisfaisante à l'évidence et à l'origine de nombreuses violations des droits humains.
Cette expulsion, qui intervient en plein hiver, est intolérable, indigne et illégale. Dans cette situation les nourrissons, les femmes enceintes, les personnes âgées et les enfants, se retrouvent dans une situation d'extrême vulnérabilité, faute de protection et de solution de mise à l'abri durables et adaptées.