Extraits de l'article du journal libanais "L'orient le jour"
L'Onu propose de contrôler les corridors humanitaires dénoncés par l'opposition comme des « couloirs de la mort ».
Les habitants des quartiers rebelles d'Alep étaient terrés chez eux hier, effrayés à l'idée d'utiliser les « couloirs de la mort » ouverts par le régime pour sortir des secteurs insurgés de la ville, dont la reprise par l'armée pourrait sonner le glas de la rébellion.
Après des semaines de bombardements et de siège, le régime a ouvert des corridors pour encourager civils et combattants souhaitant déposer les armes à sortir des quartiers rebelles, avec l'objectif de s'emparer de l'ensemble de la deuxième ville du pays et signer sa plus grande victoire de la guerre. Annoncée par la Russie, alliée du régime Syrien, l'ouverture des couloirs a été présentée comme à but « humanitaire », ce dont doutent l'opposition, des analystes et des rebelles. Le régime a d'ailleurs repris ses bombardements contre les quartiers rebelles d'Alep, où se trouvent assiégés depuis le 17 juillet quelque 250 000 habitants qui manquent de nombreux produits de base.
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Partez ou mourez de faim
Hier, les rues de plusieurs quartiers rebelles étaient désertes, les habitants ne se risquant pas à sortir. Même les bruits des moteurs électrogènes ont cessé, faute de carburant.
« Il n'y a pas de couloirs humanitaires à Alep. Les couloirs dont parlent les Russes, les habitants d'Alep les appellent les couloirs de mort », a déclaré Ahmad Ramadan, membre de la Coalition de l'opposition en exil et originaire d'Alep. Il a dénoncé « une destruction totale et systématique de la ville, une tentative de briser ses habitants ». « Le message brutal pour notre peuple est : partez ou mourez de faim », a affirmé de son côté Bassma Kodmani, autre membre de l'opposition.
Vendredi, le régime clamait déjà victoire, la télévision d'État utilisant le slogan « Alep victorieuse » et montrant des images de gens euphoriques du côté loyaliste de la ville.
« Une chute d'Alep constituerait un revers majeur pour les rebelles. Cela signifierait qu'Assad et (le président russe Vladimir) Poutine ont (...) repris le dessus », a affirmé Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques. « La tragédie syrienne a souvent montré que l'humanitaire a été utilisé comme stratagème cynique servant des intérêts géopolitiques », selon lui.