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EPR au Royaume-Uni : le marketing d’EDF à plein régime

 

Communiqué de Greenpeace

Après des mois d’âpres négociations, le gouvernement britannique et EDF ont officialisé lundi 21 un accord sur le prix de vente de l’électricité fournie par les deux réacteurs EPR (European Pressurized Reactor) qu’EDF veut construire au Royaume-Uni, sur le site d’Hinkley Point

Un accord présenté comme une “réussite”

Les articles de presse ont été nombreux à signaler et à saluer cette information … Même l’Élysée a publié un communiqué dans lequel la France se félicitait de l’accord avec le Royaume-Uni. La communication d’EDF a donc tourné à plein régime, présentant cet accord comme bouclé. Alors qu’en réalité, EDF et le gouvernement Britannique se sont seulement entendu sur un prix de principe. Et c’est tout. Car la Commission européenne doit encore se prononcer sur la validité de l’accord, vis à vis du principe des limitations des subventions d’états à l’énergie.

Cet accord est loin d’être une réalité !

Le consortium avec les énergéticiens chinois est encore balbutiant : en effet, seul un MOU (Memorandum Of Understanding, le document spécifiant l’accord bilatéral) est aujourd’hui signé. Le contrat définitif lui, n’existe pas à ce jour.

De surcroît, le tarif de l’électricité négocié est extrêmement élevé. Le gouvernement britannique promet au consortium exploitant les éventuels réacteurs un prix garanti de l’électricité. Or, on a appris hier que ce prix est établi à 92,5 livres le mégawattheure (soit 109 euros) et que cet accord sur le prix durera 35 ans à partir de la mise en service des réacteurs.
92,5 livres, c’est deux fois le prix de l’électricité aujourd’hui en Grande-Bretagne! Pour comparer avec la France le prix du mégawattheure en France est de 49,50 €, selon le rapport de la Cour des Comptes de janvier 2012. Mais EDF se réjouit, dans sa communication, des 109 euros négociés en Grande-Bretagne !

Avec cette annonce lancée avec force cocorico, le mythe de l’électricité moins chère du nucléaire prend un nouveau coup … Cet accord montre surtout que le nucléaire n’est plus compétitif et a besoin des aides d’états pour survivre.

Des aides d’état que la Commission européenne va devoir évaluer… Car comme on peut le lire sur le site recensant la législation européenne : “Dans le contexte d’une libre concurrence au sein du marché intérieur, et notamment de l’ouverture des services publics au jeu concurrentiel, les États membres interviennent parfois par le biais de ressources publiques pour promouvoir certaines activités économiques ou protéger des industries nationales. En favorisant certaines entreprises par rapport à leurs concurrents, ces aides d’État sont susceptibles de fausser la concurrence. Les aides d’État sont interdites par le traité instituant la Communauté européenne.

D’ailleurs, les signaux sont au rouge ces derniers jours :

Antoine Colombani, le porte-parole du commissaire européen à la Compétitivité Joaquin Almunia, a indiqué début octobre que les nouvelles lignes directrices européennes pour le financement du secteur de l’énergie, attendues pour le mois de novembre, ne devraient pas inclure de dispositions spécifiques pour l’énergie nucléaire. Cette position serait partagée par les autres commissaires. (lire l’article complet sur le site Actu Environnement)

Même les marchés financiers ne semblent pas non plus tout à fait convaincus : le cours de l’action EDF n’a pas bondi de manière durable, et les analystes sont plutôt tièdes : EDF décroche le contrat nucléaire britannique, nous ne changeons pas d’avis sur le titre.

 

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Une belle réussite marketing d’EDF

C’est une “belle” performance qu’EDF a réalisée… Voyez plutôt : l’énergéticien français a vendu à la Grande Bretagne, pour une somme chiffrée à 16 milliards de livres (soit près de 19 milliards d’euros) … Un projet qui n’existe pas !

Rappelons qu’EDF veut vendre au Royaume-Uni un réacteur qui n’a pas fait ses preuves. Bien que l’EPR soit présenté comme un réacteur de “nouvelle génération”, il s’avère que c’est un réacteur standard, type PWR, auquel ont été ajoutés quelques dispositifs supplémentaires, censés (selon EDF) améliorer la sûreté. D’une puissance de 1650 MW son contenu en radio éléments en fait le réacteur le plus dangereux au monde.

Aucun chantier EPR n’est à ce jour, achevé. Pire, les chantiers, en Finlande comme en France, rencontrent des obstacles constants, malfaçons, retards et “aléas techniques” comme préfère les qualifier EDF.
Défaut de soudure, qualité amoindrie des bétons, vannes montées à l’envers … Des défaillances récurrentes et qui portent sur nombre de structures du site et en particulier des éléments centraux de la sûreté de la future centrale. Des trous ou des fissures ont ainsi été observés sur la cuve des réacteurs, le dôme qui protège le réacteur, ou encore le radier…
Consulter les lettres de suivi d’incidents de l’Autorité de sûreté nucléaire.

La mise en service à Hinkley Point est prévue en 2023.
Rappelons qu’à la centrale nucléaire finlandaise d’Olkiluoto où le chantier EPR a démarré en 2005, la mise en service, prévue en 2009 n’aura pas lieu avant 2016. Et Olkiluoto, accuse en plus de ce retard, un surcoût très conséquent (actuellement le prix est de 5,6 milliards d’euros officiellement contre 3 milliards annoncés lors de la vente)

A Flamanville, le chantier a déjà plus de 4 ans de retard sur les plans initiaux … Et un surcoût écrasant : en décembre 2012, EDF annonçait un énième surcoût pour l’EPR de Flamanville qui devrait, pour l’heure, coûter 8,5 milliards d’euros. En 2011, la facture de l’EPR de Flamanville était déjà passée de 3,3 à plus de 6 milliards d’euros.

Ce projet, s’il se réalise finalement, enfermera les consommateurs britanniques dans le piège de factures plus élevées via un prix de vente au double du prix actuel de l’électricité, et faussera la politique énergétique du pays, excluant de fait les énergies renouvelables, les plus innovantes, les moins polluantes… Dont les prix sont aujourd’hui en constante diminution. Tout l’inverse du nucléaire finalement !


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