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Hezbollah, Hamas, PKK, vous avez dit terrorisme ?

Malgré toutes les tentatives faites pour définir "objectivement" ce qu'est une organisation terroriste, la classification ou non d'un groupe armé dans cette catégorie est avant tout une décision politique.

A l'occasion de la décision de l'Union Européenne de mettre la branche militaire du Hamas sur la liste des mouvements terroristes, on peut s'interroger sur les critères retenus. Ils sont variables d'un moment à l'autre, et d'un point de vue à un autre, comme le démontre de nombreux exemples. En général les rebelles sont plus facilement dénommés terroristes, ils deviennent souvent des combattants de la liberté quand ils sont vainqueurs.

Dans notre histoire récente, les résistants de la seconde guerre mondiale ou les combattants algériens pour l'indépendance de leur pays sont de bons exemples de cette évolution très subjective.

Dans "Le Monde Diplomatique", Alain Gresh revient sur d'autres exemples :

"Ainsi l’Union européenne a-t-elle décidé de placer « l’aile militaire du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes » (LeMonde.fr, 22 juillet).

 

« La décision — un accord politique qui doit être transcrit juridiquement pour entrer en application — a suscité de vifs débats. L’Irlande et Malte ont multiplié les réserves jusqu’au bout. D’autres, comme l’Autriche, craignaient les conséquences d’une telle sanction sur la sécurité des forces de l’ONU implantées au Liban, dans une zone sous contrôle du Hezbollah. Ces derniers jours, le gouvernement libanais a lui-même appelé officiellement à renoncer à une telle décision, en expliquant que l’organisation représentait une “composante essentielle de la société” libanaise. (...).

Quoiqu’il en soit, la décision est marquée par une forme d’hypocrisie car elle ne précise pas ce qu’est l’aile militaire du Hezbollah, bien difficile à différencier de la politique. (...).

Il n’y a pas si longtemps, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le gouvernement blanc d’Afrique du Sud 4632_000_ARP3546228.jpgqualifiaient le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela d’organisation terroriste. Et pourtant, Mandela est devenu aujourd’hui l’un des hommes les plus vénérés de la planète (au risque, souvent, de déformer l’histoire de sa vie (...).

La Turquie constitue un exemple important de la manière dont on peut traiter du problème du terrorisme.

« Le chef rebelle kurde Abdullah Ocalan a appelé, jeudi 21 mars, les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à déposer les armes et à quitter la Turquie, affirmant que le temps était venu de “faire prévaloir la politique” », écrivait LeMonde.fr le 21 mars (...)

S’il débouchait sur la paix, cet accord pourrait avoir des conséquences géopolitiques importantes. La Turquie, qui a renforcé ses relations avec le gouvernement du Kurdistan d’Irak pourrait acquérir un statut de protecteur des Kurdes, et renforcer son influence dans toute la région.

En conclusion, penser régler le problème d’organisations représentatives (hier le Front de libération nationale algérien ou l’ANC, aujourd’hui le Hezbollah, le PKK ou le Hamas) par ce type d’accusation est futile et contre-productif.

L'histoire redresse parfois les jugements hatifs de politiques, qui utilisent des qualificatifs repoussoirs, afin de faire accepter leurs choix. Ils font le plus souvent preuve d'une hypocrisie totale, "oubliant" de mette sur la liste noire des pays avec lesquels de liens diplomatiques sont jugés vitaux. Bien des dictatures ont benéficié de régime de faveur, depuis les colonels en Grèce, les généraux en Argentine ou plus près de nous Khadafi en Lybie. Les donneurs de leçon de morale ont souvent la mémoire courte et le jugement sélectif.

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