Près de 50 ans plus tard, la France a encore du mal à regarder en face les événements qui ont conduit à l'indépendance de l'Algérie .
Ceux-ci sont maintenant qualifés de guerre et ont leurs anciens combattants, alors qu'à l'époque il s'agissait d'opérations de maintien de l'ordre . Puisque "l'Algerie, c'est la France " comme le disaient les politiciens des années 50, la République Française ne pouvait être en guerre contre elle même .
Au-delà du débat sur les mots, ce qui semble encore poser problème à certains, c'est que l'on parle de l'attitude de la France dans ce conflit, et des méthodes employées (dont la torture )dans cette "sale guerre" qui ne voulait pas dire son nom .
Quelques voix se sont élevées à l'époque pour dénoncer les crimes de l'armée française, dont celle de Maurice Audin, militant communiste en Algérie, disparu après avoir été arrété par l'armée .
En 2009, Sarkozy voulait décerner la Légion d'Honneur à sa fille, brillante mathématicienne comme son père. Voici la réponse qu'elle lui fait :
Michèle Audin.
Lettre (ouverte) à Monsieur le Président de la République.
Monsieur le Président,
Par une lettre datée du 30 décembre 2008, vous m’informez de votre décision de me décerner, sur la réserve présidentielle, le grade de chevalier de la Légion d’honneur.
Je suis très heureuse, Monsieur le Président, de cet intérêt montré à ma contribution à la recherche fondamentale en mathématiques et à la popularisation de cette discipline et je vous en remercie.
Monsieur le Président, il y a un an et demi, vous receviez une lettre (ouverte) envoyée par ma mère, Josette Audin, qui vous demandait de contribuer à faire la vérité sur la disparition de mon père, Maurice Audin, mathématicien lui aussi, et disparu depuis le 21 juin 1957 alors qu’il était sous la responsabilité de l’armée française.
A ce jour, vous n’avez pas donné suite à cette demande. Vous n’avez d’ailleurs même pas répondu à cette lettre.
Cette distinction décernée par vous est incompatible avec cette non-réponse de votre part. Vous me voyez donc au regret de vous informer que
je ne souhaite pas recevoir cette décoration.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’expression de mon respect,
Le 1er janvier 2009
Michèle Audin
Mathématicienne