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Sénégal, chute d’une démocratie

Extraits de l'article de Patrick Piro pour Politis du 6 février 2024

C’est un invraisemblable imbroglio que vit le Sénégal. Et il n’est probablement pas parvenu à son acmé, tant la décision prise la semaine dernière par le président sortant Macky Sall violente un pays tout entier, par la manipulation grossière de ses institutions, mais aussi par la souillure de l’image dont le Sénégal s’honore avec constance depuis soixante ans, celle d’une démocratie stable et fiable.

En annonçant le report de l’élection du 25 février, qui devait lui désigner un successeur (un homme, selon toute probabilité), il ouvre une crise d’ampleur inconnue, et soigne définitivement sa sortie en endossant le costume d’un putschiste, après avoir glissé avec constance sur une pente autoritaire, voire dictatoriale, lors de son deuxième mandat. En poste depuis 2012, il rêvait d’une troisième investiture, interdite par la Constitution, et n’a fini par y renoncer explicitement qu’en juillet dernier, tant le chaos et la violence semblaient inéluctables.

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Depuis, le Conseil constitutionnel a été mobilisé avec zèle, soutenu par la bienveillance présidentielle, pour barrer la route à toute candidature d’opposition sérieuse. Il faut dire que le successeur désigné par Sall, le peu charismatique et dévoué Premier ministre Amadou Ba, est à la peine dans les sondages. Au point que plusieurs poids lourds du propre camp présidentiel ont tiré leur révérence pour se présenter contre Ba.

Dernière déstabilisation en date, la critique des très influentes autorités musulmanes, mettant en cause la moralité du président. Au prétexte de remettre le processus électoral sur de bons rails, le président s’est alors résolu à annuler le scrutin du 25 février. Les député·es de son camp en ont voté le report au 15 décembre prochain, dans une grande confusion puisque les forces de l’ordre ont évacué les élu·es d’opposition qui protestaient. Addenda : le président reste en poste jusqu’à l’investiture putative de son successeur.

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