Du 5 au 7 août 2022, lors du premier festival "Semeurs Fest", qui s'est tenu sur le site de la Carrière à Fégréac, les militants du groupe de Redon organisaient une action symbolique d’envergure, afin d’alerter sur les violations des droits des milliers de personnes migrantes exploitées au Qatar dans le cadre du mondial 2022. Témoignage de Martin Vincent, coordinateur de cette action pour notre groupe local de Redon.
Nous nous étions donné rendez-vous en milieu de matinée, à la Carrière de Fégréac (tout près de Redon) avec tout le matériel habituel : tracts, pétitions, T-shirts avec le logo Amnesty, barnum, et drapeaux... et puis un accessoire un peu hors du commun : un gigantesque ballon de papier jaune et noir, de 5 mètres de haut, construit en papier de soie par une association qui porte un nom plein de promesses "les semeurs d'étoiles".
Il faut dire que le "Semeurs fest" (festival qui nous accueillait ce jour-là) était lui aussi peu banal. Il s'agit d'un rassemblement d'amateurs de lancers de ballons-montgolfière en papier venant de toute la France, et même pour certains de Colombie, du Mexique et du Brésil.
Nous étions une petite dizaine de militants d'Amnesty, et nous avions une journée pour aller à la rencontre des festivaliers pour parler du Qatar, et bien entendu faire signer un maximum de pétitions. Nous avions également préparé une "pétition volante" : un grand drapeau de papier que nous faisions dédicacer, avec de petits messages ou des dessins personnels, et qui était destiné à être accroché à notre ballon.
Peu après midi, nous avons reçu le renfort du président d'Amnesty International venu de Paris... Jean-Claude Samouiller s'est joint à nous ! Il nous a accompagnés dans nos échanges avec les festivaliers et avec la presse venue en nombre dans ce petit coin de campagne peu habitué à une telle affluence. Grégoire Osoha faisait aussi partie de l'équipe ce jour-là, afin de témoigner de cette journée pour La Chronique d'Amnesty International.
La météo n'était pourtant pas des nôtres ce jour-là. Non seulement, nous devions lutter contre un soleil de plomb, mais une brise inattendue s'est levée et les chances de voir s'envoler notre ballon s'amenuisaient à mesure que le vent forcissait.
En fin de journée, Jean-Marche Eyot, le secrétaire de notre groupe, et Jean-Claude Samouiller se sont installés sur la grande scène du festival et ont pris la parole pour parler de la situation terrible des travailleuses et travailleurs migrants qui font face à une réalité bien éloignée du "rêve et des paillettes" vendus par la FIFA.
Les concerts se sont ensuite enchaînés.
Vers 21h30, alors qu'HK et ses musiciens entamaient leur set musical, la nouvelle qu'on n'attendait plus arrive : une fenêtre de tir se précise, avec un vent qui tombe subitement et va nous permettre de lancer notre ballon.
Nous sommes une dizaine de militants, et un millier de spectateurs, entourant le groupe de lanceurs qui gonflent notre ballon au chalumeau, avec les paroles de HK qui résonnent en arrière-plan : "On lâche rien ! On lâche rien !".
Et notre montgolfière s'élève doucement dans les airs, avant de rencontrer un courant porteur et de partir pour l'inconnu... dans une émotion collective difficilement descriptible.
Et voilà des mois de préparation qui s'achèvent dans un final assez spectaculaire. Qui s'achèvent ? Pas si sûr que cela.
Notre ballon a été retrouvé le lendemain matin, posé dans un champ de la région. Et voilà un deuxième projet qui se profile : pourquoi pas un second lancer de notre pétition volante au moment du coup d'envoi de la coupe du monde ?
RAMENEZ LA COUPE À LA RAISON
Depuis plus de dix ans, au Qatar, des milliers de travailleuses et travailleurs migrants qui œuvrent pour la Coupe du monde de football 2022 vivent un enfer. En France, nous demandons à la Fédération Française de Football (FFF) d’agir face à ces violations des droits de milliers de travailleuses et travailleurs migrants au Qatar.