Au Pays Basque, l'ETA a mené un combat armé pour l’indépendance et contre l'état espagnol. Depuis plusieurs années, l'organisation a renoncé à la violence, et elle s'est engagée dans un processus de désarmement. Mais pour faire la paix, il faut être deux : et les gouvernements espagnols et français refusent toute négociation avec l'ETA. Des membres de la société civile se sont impliquées dans le processus de désarmement volontaire de l'ETA. C'est pendant qu'un tel processus se déroulait que la police française est intervenue, interpellant 5 personnes.
Selon des sources du Monde, les cinq personnes interpellées sont Jean-Noël Etcheverry, dit Txetx, militant écolo-alternatif et animateur de Bizi à Bayonne et du réseau Alternativa ; Michel Berhocoirigoin, actuellement président de la chambre d’agriculture alternative du Pays basque (EHLG), syndicaliste agricole, ex-président du syndicat agricole basque ELB (localement majoritaire), ex-secrétaire général national de la Confédération paysanne ; Michel Bergouignan, viticulteur dans l’appellation Irouléguy et ex-président de la coopérative des vins d’Irouléguy ; Béatrice Molle-Haran, journaliste professionnelle, éditorialiste de l’hebdomadaire Médiabask (print et Web) ; Stéphane Etchegaray, journaliste audiovisuel, qui « était là pour filmer la destruction des armes ».
Ces arrestations ont provoqué une vive réaction au Pays Basque, au-delà des clivages politiques. Voici ce que relate le journal local, La République des Pyrénées :
"Au moins 4000 personnes, selon les organisateurs (2000 selon la police) ont défilé ce samedi après-midi dans les rues de Bayonne, en soutien aux cinq militants pour le processus de paix au Pays Basque interpellés la veille à Louhossoa. Un rassemblement organisé à l'appel du collectif Bake Bidea, qui milite en faveur du processus de paix au Pays Basque.
Quai Chao, la foule est dense derrière le mot d'ordre de cette manifestation : "Bakearen alde, liberté pour les artisans de la paix". En tête du cortège, on retrouvait le vice-président du conseil départemental Max Brisson (LR), les députées PS Colette Capdevielle et Sylviane Alaux, la sénatrice PS Frédérique Espagnac, le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray (UDI)."
Le quotidien ajoute :
"Plus tôt dans l'après-midi, ces élus du Pays basque, de toutes sensibilités politiques, ont présenté une déclaration commune en conférence de presse. "Nous, élus du Pays Basque de toutes sensibilités politiques, sommes interpellés par ces arrestations car il s'agit de personnalités connues de tous, dont l'engagement en faveur de la paix est incontestable." Des personnalités, précisent-ils, "décidées à pallier le manque d'implication des états espagnol et français et à prendre en charge, au titre de la société civile, la destruction des armes de l'organisation ETA."
Le président d'Honneur de la Ligue des Droits de l'Homme, Michel Tubiana, qui participe au processus de désarmement aurait dû être présent à cette occasion, son arrestation a même été annoncée par erreur.
Voici la réaction de la LDH :
Les gouvernements français et espagnols ont décidé de ne pas entendre la décision de l’ETA de procéder à son désarmement. Alors qu’une partie des armes de cette organisation allaient être neutralisées pour être remises aux autorités sous l’égide de plusieurs membres de la société civile, dont Michel Tubiana, président d’honneur de la LDH, une intervention policière a eu lieu.
En agissant ainsi, les autorités françaises et espagnoles signifient leur volonté d’ignorer le processus initié par les sociétés civiles des deux côtés des Pyrénées pour réconcilier toutes les composantes du Pays basque.
La Ligue des droits de l’Homme a appuyé et continuera d’appuyer ce processus. Elle appelle les gouvernements français et espagnols à renoncer à toute idée de vengeance pour construire la paix.
Paris, le 17 décembre 2016
Pour appeler à leur libération immédiate, signez la pétition: http://artisansdelapaix.wesign.it/fr
Une photo du rassemblement de Bayonne ; cliché Ekhi Erremundegi (Twitter)