Le gouvernement essaye de "vendre" sa réforme de la carte militaire, mais à Bitche en particulier qui perd son deuxième régiment et vu le départ de services publics, les habitants ont du mal à croire aux promesses . La venue d'Hubert Falco, rapportée par "Le Post" :
" C'est tombé sur lui. Hubert Falco, secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire, a eu pour délicate mission de représenter le Gouvernement lors d'un déplacement à Bitche en Moselle. Dans cette petite cité de 5 000 âmes aux portes des Vosges du Nord où l'armée soutient depuis des décennies la vie locale, l'annonce de la nouvelle carte militaire équivaut à un cataclysme nucléaire. C'est dire si la venue de Falco était attendue. D'ailleurs, à la sortie de son entrevue extrêmement crispée avec les élus du coin, le secrétaire d'Etat a été copieusement bousculé comme le relate ce matin le Républicain Lorrain. 200 manifestants ont laissé éclaté leur colère sur le convoi gouvernemental. Les élus UMP locaux, dont le député de circonscription, ont aussi été hués.
Bien fait ! Faut les comprendre les Bitchois ! En douze ans, on leur a tout fait, on leur a tout pris. La place militaire héritée des immenses sacrifices consentis de 1870 à 1945 ? Rasée en deux offensives. La première avait eu lieu en 96 avec la dissolution du légendaire 4e régiment de cuirassiers. La commune a connu mille maux pour pouvoir récupérer les bâtiments à l'abandon de la caserne. 2008, la seconde attaque est dévastatrice. Le 57e régiment d'artillerie et l'immense camp militaire forestier sont décimés. La réforme Sarkozy Fillon Morin vole son âme à cette traditionnelle cité de garnison. Heureusement que la superbe citadelle bitchoise, dessinée par Vauban puis reconstruite par Cormontaigne, n'est pas transportable. Il pourrait venir à l'Etat l'idée de la transférer au soleil du Sud Ouest.
On n'évoquera pas tous les autres services publics que Bitche a vu partir un à un. Ou on ne citera alors que la maternité et la chirurgie de l'hôpital, éradiquées en 98 malgré les manifs populaires.
Trop petite et trop enclavée pour pouvoir se développer économiquement, Bitche est déjà sous respiration artificielle. Bitche, jolie petite bourgade oubliée au pied des rochers de grès rose, verdoyant trait d'union entre la Lorraine et l'Alsace, est condamnée à devenir un musée à ciel ouvert avec sa forteresse, son fort Maginot, sa Légion d'honneur (distinction rare pour une commune), l'histoire de son héroïque résistance en 1870...
Pour ne pas sombrer dans l'oubli, Bitche n'a plus que le tourisme... de mémoire. Si ce n'était pas si grave, cela en serait comique."