Ami lecteur, toi qui hésites entre restaurer ton manoir, acheter une nouvelle Porsche ou prendre des vacances aux Séchelles, tu peux te réjouir. Tu vas pouvoir faire tout cela, grâce à notre cher président.
Enfin, juste un détail, c'est à condition d'être soumis à l'impôt sur la fortune, et dans les tranches les plus élevées. Nicolas Sarkozy annonce une nouvelle possibilité d'échapper à cet impôt, en investissant dans les PME. Vous pourrez à la fois faire un investissement rentable et payer moins d'impôts. Peut-être que vous n'êtes pas assujetti à cet impôt, mais là franchement c'est comme ne pas avoir de Rolex, vous avez raté quelque chose dans votre vie !
Cette mesure supplémentaire réduit à peu de chose l'effet de cet impôt, déjà bien rogné par le bouclier fiscal et autres astuces.
Voici l'avis (plus sérieux) de "L'Humanité" sur ce sujet :
Il y a du mépris dans la posture. En pleine contestation sociale sur l’utilisation de l’argent, et alors que la logique du « paquet fiscal » (loi TEPA) systématise des cadeaux aux plus riches, quand l’urgence est au relèvement des salaires pour relancer la machine en crise, Nicolas Sarkozy s’est livré, mardi, à une nouvelle provocation. Le style est désormais connu. Au cours d’une réunion sur la croissance, sans l’air d’y toucher et sur le mode de l’évidence, il a autorisé la ministre de l’Économie à accroître les réductions d’impôt de solidarité sur la fortune en échange d’investissements dans les PME. Ce qui revient à actionner la pompe à vide d’une imposition déjà considérablement réduite dans sa portée. La manière d’avancer de l’Élysée tient de la préparation psychologique quand on sait qu’une mesure dans ce sens est dans les tuyaux d’une nouvelle niche fiscale prochainement proposée au vote des parlementaires : il est proposé que le plafond de la réduction soit doublé pour être porté de 50 000 à 100 000 euros.
La loi TEPA avait déjà créé une réduction substantielle de cet impôt pour un coût de 660 millions d’euros. Elle touchait prioritairement une première tranche des assujettis déclarant un patrimoine compris entre 770 000 et 1 240 000 euros. Cette fois, c’est la tranche des plus riches des riches qui va être concernée, de telle manière qu’un contribuable au patrimoine net imposable de 9 millions d’euros pourrait ne plus payer l’ISF. L’argument est celui-ci : il faut rediriger la richesse vers l’économie. Selon le syndicat SNUI SUD Trésor, « l’idéologie qui sous-tend cette mesure est choquante, car niant toute utilité économique de la dépense publique (…) dans une période où l’action publique est appelée à la rescousse d’un système économique défaillant ». Sauf à considérer que les finances publiques seront alimentées exclusivement par les contribuables les moins riches. Sauf aussi à considérer que les banques sont définitivement exonérées de leur mission d’aides aux PME, précisément au moment où l’État leur a offert des millions d’euros pour le faire. Argent dont les PME, dans leur majorité, n’ont toujours pas senti l’odeur. De quoi s’interroger après un G20 qui a mis l’accent sur l’urgence d’une relance économique censée rompre avec la financiarisation.
Dominique Bègles