Le président du Gabon, Omar Bongo, représentait le type de chef d'Etat avec qui la France conserve des relations complexes.
Sarkozy, l'homme de la rupture, n'a pas coupé les liens avec la "Francafrique", malgré les atteintes aux droits de l'Homme, la corruption et toutes les affaires plus ou moins juteuses entre la France et l'Afrique.
On retrouve même , à l'occasion du décès d'Omar Bongo une sorte d'union sacrée avec Chirac et Villepin. Ceci laisse supposer que le couvercle qui enferme les secrets de la politique africaine de la France n'est pas prêt d'être soulevé.
Voici un commentaire du "Monde Diplomatique"sur ce sujet :
Après plusieurs heures de confusion, le gouvernement gabonais a confirmé, lundi 8 juin, le décès du président Omar Bongo Ondimba. Au pouvoir depuis 1967, il était devenu un élément incontournable de la diplomatie africaine, participant à de nombreuses médiations avec plus ou moins de succès, comme en Côte d’Ivoire ou au Congo-Brazzaville. Mais le chef de l’Etat gabonais est aussi connu pour être l’un des parrains de ce qu’on appelle couramment la « Françafrique », c’est-à-dire ce réseau, souvent très opaque, d’intérêts économiques et politiques entre la France et ses anciennes colonies africaines.
Bongo fut souvent cité dans l’affaire Elf, où se mêlent prévarication et financement occultes de partis politiques en France. Plus tard, c’est une action judiciaire intentée par plusieurs associations (Transparency International et Sherpa) qui dévoile les richesses possédées de manière opaque par le président gabonais en France : immeubles, appartements, comptes bancaires. Sont aussi mis en cause les présidents TheodoreObiang (Guinée-Equatoriale) et Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville). Ces biens considérables devraient bientôt faire l’objet d’une enquête que le gouvernement français ne semble pas pressé de voir aboutir. Le plus choquant de l’affaire est sans doute que le peuple gabonais ne semble pas profiter de la manne pétrolière : peu de routes et d’infrastructures ont été construites dans ce petit pays d’AfriqueGabon a même dégringolé dans l’échelle de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en quelques années.
Le doyen des chefs d’Etat africains, Bongo connaissait tous les secrets (petits et grands) des relations entre la France et le continent noir. Chacun a remarqué que, si le président Nicolas Sarkozy avait fait de la rupture avec la Françafrique un thème de campagne électorale, annonçant même que son premier déplacement sur le continent noir serait pour le monde anglophone, son premier geste, une fois élu, sera de téléphoner au président Bongo. On murmure aussi que M. Jean-Marie Bockel aurait été limogé de son poste de ministre de la coopération sur les « conseils » du chef de l’Etat gabonais qui le trouvait trop critique pour la Françafrique. M. Alain Joyandet, son successeur, se rendra presque immédiatement à Libreville. Il était peu crédible que, M. Sarkozy, l’ami de tant de chefs d’entreprises, rompe une si juteuse relation avec l’Afrique…