L'usine de Clairoix dans l'Oise fabrique des pneus pour le groupe Continental. Devant la crise qui frappe l'automobile, celui-ci vient de décider de fermer purement et simplement le site qui emploie 1200 salariés . Scandale crient les élus de tout bord, UMP compris qui semblent découvrir comment fonctionne le libéralisme . Ce sont pourtant les mêmes qui ont supprimé l'autorisation administrative de licenciement, fait sauter le "carcan" des 35 heures, augmenté le contingent d'heures supplémentaires, etc . Et tout cela pour permettre au capitalisme de s'exprimer pleinement, pour créer des emplois disaient-ils .
Et bien le libéralisme s'exprime pleinement, et les cris des élus UMP sont pour le moins déplacés :ils ne font que constater les conséquences de leurs choix. Les réactions d'après "lesechos.fr" :
Cette fermeture peut être "considérée comme une trahison" par les salariés qui avaient passé un accord avec la direction il y a trois ans, a indiqué mercredi Luc Chatel, porte-parole du gouvernement et secrétaire d'Etat à l'Industrie. Lors de son compte tendu du Conseil des ministres, il a insisté sur le fait qu'il avait prévenu les dirigeants de Continental "que si le groupe persistait dans sa volonté d'une restructuration du site de Clairoix, il aurait à justifier devant les tribunaux de la motivation de tels licenciements, surtout dans une période où le groupe Continental a annoncé -c'était certes en 2008- des résultats positifs dans sa branche de pneumatiques". "C'est au comité central d'entreprise -qui doit se réunir le 31 mars- que doit être réservée" l'annonce de la fermeture, a-t-il rappelé.
Le président PS du conseil général de l'Oise, Yves Rome, a qualifié de "cataclysme" et de "drame social d'une ampleur exceptionnel qui va frapper durement des milliers" d'habitants du département. "Je mesure et je partage le désarroi de tous les salariés (...) qui, pour défendre leur outil de travail, n'avaient pas hésité à revenir sur des avantages acquis en acceptant" de repasser début 2008 à 40H de travail hebdomadaire contre 37 heures et demi.
La pire des hypothèses
"C'est la pire des hypothèses", a estimé de son côté Laurence Rossignol, vice-présidente du conseil régional de Picardie et secrétaire nationale du PS. "On travaillait pour l'instant sur l'hypothèse d'un plan social quatre étoiles , pas sur une fermeture", a-t-elle ajouté.
Le sénateur UMP Philippe Marini (Oise) a exprimé son "indignation" face à cette annonce. "Il n'y a pas de justification économique pour cette décision" et "la direction de Continental ne représente plus personne et n'est pas en mesure d'imposer une restructuration aussi dramatique", a déclaré le sénateur-maire de Compiègne dans un communiqué. "La société n'a plus de président de conseil de surveillance, on ne sait pas qui exerce le pouvoir au nom des actionnaires", a assuré Philippe Marini, également rapporteur général de la commission des finances du Sénat. Pour lui, "il est invraisemblable qu'une menace aussi lourde soit agitée alors que la France et l'Allemagne devraient s'organiser ensemble pour faire face à la crise du secteur automobile".
La CFDT a qualifié de "catastrophique" la nouvelle : "on a alerté maintes et maintes fois sur les dommages collatéraux que cela allait provoquer. Imaginez, plus de mille suppressions d'emplois sur un département. Il n'y a pas de mots. La direction a tellement été manipulatrice", a expliqué à l'AFP le responsable Picardie de la fédération Chimie Energie CFDT, Sylvain Bellemère.
"Il va falloir qu'il (le directeur) donne des explications claires et nettes. Je n'ai pas encore vu mes collègues, mais il va y avoir des actions de faites", a indiqué de son côté Philippe Bernacki, délégué CFDT de l'usine picarde.
Commentaires
Avec cette fermeture, une certaine tendance se confirme : Faire plus d'heures ne crée pas d'emploi ...
Ce n'est pas la première usine à avoir piétiner les 35 heures en faisant du chantage à ses ouvriers qui ferme ses portes.
L'augmentation du temps de travail n'est pas source de production, mais uniquement source de profit. Ne cédons donc jamais au chantage du retour au 39H.
Les heures supplémentaires défiscalisées ont amené la suppression des CDD et de l'interim, et des réductions de coût de production. Cette réduction n'est jamais distribuée aux salariés.
Et maintenant, il va falloir augmenter les impôts ... pour pouvoir continuer à sauver les coupables du naufrage actuel de l'économie.
C'est encore plus vicieux que cela !
Un plan social coûte chère à une entreprise. Il faut donc qu'elle trouve des fonds pour pouvoir fermer en respectant les règles.
Rien de plus facile !
Elle contraint, sous menace de fermeture, ses employés de renoncer à leurs RTT ou à passer aux 40 heures. Puis avec l'argent récupéré grâce à ses braves employés, elle finance le plan social qui suit irrémédiablement, quelques mois après les accords.