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Algues vertes : le retour

Article repris de "Rouge et Vert" le journal des Alternatifs

 

 

Un printemps exceptionnellement ensoleillé favorisant la photosynthèse, une quasi absence de vent qui a limité le brassage des eaux côtières.
Il n’en aura pas fallu plus pour que, cette année, les algues vertes fassent un retour aussi tonitruant que précoce sur les côtes bretonnes, en particulier en fond de baies. Comme quoi, la campagne d’affichage que France Nature Environnement avait lancé cet hiver pour dénoncer les méfaits de l’agriculture industrielle n’étaient pas ”particulièrement déplacée”, contrairement à ce qu’a soutenuaffiches-algues-vertes-fne.jpg Sarkozy lors de son passage au salon de l’agriculture.
Il faudra aussi noter que cette campagne d’affichage aura valu à l’association, de la part du président “socialiste” de la Région Bretagne, une plainte judiciaire pour « atteinte à l’image de la Région »; plainte retirée depuis suite à un ”gentleman agreement ” entre les deux parties, mais quand même il fallait oser! Comme si l’atteinte à l’image de la Région n’était pas d’abord le fait d’un productivisme agricole qui continue contre vents et marées à dérouler sa logique mortifère: Concentration des terres et des outils de production, arasement des talus qui régulaient la circulation des eaux, poursuite des régularisations-extensions d’élevage, importations massives d’aliment pour le cheptel...
Ne pouvant plus nier les évidences, le lobby productiviste change de discours et, tout en admettant une part de responsabilité dans l’explosion des algues vertes sur nos côtes, s’évertue à en rejeter l’essentiel sur les autres. Ce discours, c’est : « nous agriculteurs, nous avons fait des efforts; il faut laisser le temps pour que ça produise son effet; et puis nous ne sommes pas les seuls responsables et les stations d’épurations des villes contribuent aussi à la pollution avec leurs rejets de phosphore ». C’est ignorer sciemment que les études scientifiques les plus sérieuses ont démontré depuis longtemps l’impact déterminant de l’azote d’origine agricole dans la prolifération des algues vertes, le phosphore ayant un rôle bien plus marginal.
C’est vrai que l’agriculture bretonne a fait des efforts ces dernières années, souvent à coup d’investissements importants et couteux, comme ces stations de traitement des lisiers sur les plus grosses exploitations; et les collectivités publiques en ont pris leur part sur le plan financier. Mais jamais n’a été remis en cause un modèle de développement qui fait que la Bretagne, avec un peu plus de 3 millions d’habitants, ” abrite ” la moitié de la production de porcs et de volailles de
l’Hexagone; un volume de production sans commune mesure avec la capacité du territoire à nourrir ce cheptel et à absorber ses déjections sans dommage. Il n’y aura pas d’alternative agricole en Bretagne sans une baisse significative de la densité du cheptel. C’est sans aucun doute à ce prix qu’on pourra enfin résorber les milliers de tonnes d’algues vertes qui empuantissent nos plages chaque année.
Jean-Louis Griveau

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